Texte lu lors de la manifestation spontanée caennaise
Nous nous souviendrons longtemps de ce mercredi 7 janvier 2015.
En tant que journal satyrique, la rédaction de Racailles se sent profondément affectée par la tuerie de Charlie Hebdo. Charlie est pour nous un grand frère. Quand nous avons fondé notre journal, nous nous sommes inscrits dans l'héritage de Hara Kiri, Charlie, Siné, La Grosse Bertha, GrosDada, et bien d'autres...
Notre désaccord avec la ligne éditoriale de Charlie Hebdo lors de ces dernières années n'enlève rien à notre tristesse et notre colère ; lorsque la liberté d'expression est foulée par les bottes de la barbarie.
Ces journalistes et dessinateurs assassinés aujourd'hui ont fondé notre militantisme, ont forgé les prémices de notre esprit critique. Nous avons aimé les lire, les voir piétiner le sacré et critiquer l'ordre établi.
Aujourd'hui, nous les pleurons. Comme nous avons pleuré il y a un an, en janvier aussi, la disparition de Cavanna. Comme nous avons pleuré il y a 10 ans, toujours en janvier, le départ du professeur Choron. Putain de mois d'janvier !
Nous tenions à nous rassembler aujourd'hui pour saluer la mémoire de Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Oncle Bernard, des 5 autres journalistes et des deux policiers. Tous tombés en ne faisant rien d'autre que leur métier. Et quel est ce métier ?
Celui de défendre partout, tout le temps la liberté. Nous sommes ici pour vous dire de tout notre cœur : Merci !
Amis, vous êtes tombés et voyez : nous sortons de l'ombre.
A vous criminels, regardez, regardez bien. Vous avez raté votre coup. Vous ne nous avez pas tous eu. Regardez-nous lâches. Voyez, nous sommes là aujourd'hui et nous nous dressons debout, face à vous. Tous vos efforts seront vains. Nous ne céderons jamais à la peur, jamais.
Entendez nous, chiens, vous pouvez aboyer votre rage. Messagers de l'obscurantisme et de la haine, nous ne serons jamais sensibles à votre mécréance. Nous n'entendons qu'une parole : celle de la Raison. Nous ne croyons qu'en une chose : l'Homme et sa capacité à être meilleur. Aussi ne répondrons-nous pas à la tentation que certains auront de nous diviser, désigner un bouc-émissaire, à chercher en l'étranger, l'immigré ou le musulman, le responsable de cette horreur.
Nous avons conscience que certains vont sauter sur cette occasion trop belle pour répandre leur nausée de haine.
Rentre chez toi FN. Toi et tes apôtres de la haine, allez retrouver votre ami l'extrémiste et laissez-nous célébrer la mémoire de nos frères, ces défenseurs de la liberté.
Vive la liberté !