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Racailles n°68, le journal qui s'est remis au travail !

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Il est tout nouveau tout beau ! Racailles n°68 est dispo et a déjà été diffusé à plusieurs centaines d'exemplaires. Vous pouvez le feuilleter en ligne et le télécharger en cliquant sur l'image ci-dessous.

https://issuu.com/journalracailles/docs/racailles_68_feuilles____feuilles

Sommaire :

CONSULTER LE JOURNAL EN LIGNE


Édito

Salut racailloutes et racaillous, ça racaille dur ? On ne s’est pas vu depuis longtemps car, il faut bien l’avouer, on n’était pas pressé de se mettre au travail. On a pensé à faire faire ce canard par des Chinois payés 20 huans, mais l’externalisation n’a pas que du bon, loin s’en faut. Alors quoi de plus propice que la période des fêtes pascales pour célébrer le retour des cloches gouvernementales montrant toujours un peu plus leur mépris des classes laborieuses qu’elles avaient juré de défendre face à la finance carnassière, adversaire annoncé d’un président autiste qui a abandonné sa mission au lobbys patronaux. Euh… J’ai envie de pisser et ça m’empêche de réfléchir, donc je vais meubler en attendant que ça vienne […]
Le numéro 68 de Racailles que vous avez entre les mains, que vous avez attendu de longs mois, est urgent et nécessaire. Urgence de se mobiliser contre toutes les volontés non cachées aujourd’hui du gouvernement au service du MEDEF, des firmes du CAC 40 et de sa soif de réaliser toujours plus de profits égoïstement et sans regard de l’essentiel : boire, baiser et bouffer bordel. Qu’est-ce qu’on s’en tape d’être milliardaire ! Faut être banquier ou ministre pour avoir ce genre de rêve. Ça se mange pas et on ne l’emportera pas dans la tombe. Et ces négriers voudraient nous asservir en nous imposant des conditions de travail issues du servage des seigneurs ! Eh, Gattaz ! Y a pas écrit Moyen-Âge, là ! Oui, je dis Gattaz, car personne n’est dupe, madame El Khomri n’est qu’un pantin qui tient le stylo et rédige ce qu’on lui dicte. Dictée, ça sonne comme diktat. Vous, comme nous, êtes quand même plus attachés aux valeurs de partage, de solidarité, d'autodétermination, de liberté, et si les urnes ne nous rendent pas grâce, c'est la rue qui doit combattre ; comme disait Spartacus lors de la guerre sociale en 90 avant J.C. : « Je reviendrai et serai des millions». Et cet État d'urgence – prétexte sécuritaire au contrôle de… tout le monde - ne doit pas nous effrayer. Il faut revenir dans l'arène comme des rois ( certifié KGB). Et nous revenons pour cette lutte qui doit se prolonger.

Racailles a changé. Mais seulement sa périodicité : c'est désormais un journal menstruel qui paraît dès que les rouges descendent en manif, imprimé sur serviette hygiénique pour contenir les épanchements soviétoïdes (cette dernière devait apparaître sur le bandeau mais la ligne dure du journal l'a refusée en comité de rédaction alors je l'ai glissée tranquillou dans l'édito).

Sur ce, bonne lecture et à plus tard sur les barricades. D'ici là, ne lâchez rien.
Racaillement.

La rédac'
(qui a arraché sa chemise au Directeur financier).

La chronique éco de Nico - De la théorie à l'idéologie...

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CHRONIQUE DIFFUSÉE DANS RACAILLES RADIO (1er avril 2016)

De la théorie à l'idéologie passant par un pragmatisme critique

Je vous propose une réflexion à la fois sur les théories économiques qui devraient permettre d’expliquer le monde et sur la tendance à transformer la théorie en idéologie, comme c’est souvent le cas pour les théories néo-classiques, le nom officiel du libéralisme économique.

Pour ce faire, nous nous servirons de deux propositions de politique économique, celle qui sert à justifier la loi dite « El Khomri », sur le « travail » et celle émanant de Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE).

Dans une pétition publiée par Le Monde, qui a réuni 31 signataires dont le Prix Nobel d’économie 2014, Jean Tirole et le titulaire de la chaire d’économie au Collège de France, Philippe Aghion pour défendre le projet de loi. Ils affirmaient qu’en « réduisant fortement l’incertitude attachée à la rupture des contrats de travail, le projet de loi incite les entreprises à revenir vers des embauches en CDI». Ils reconnaissent aussi que la conséquence sera de « flexibiliser le CDI» soit de précariser l’ensemble des salarié.e.s. Ainsi pour lutter contre les inégalités et la précarité - leur objectif - ils arrivent à élargir la précarité. Tou.te.s précaires donc disparition de la précarité !
Plus important, c’est la philosophie économique, la théorie économique qui sous tend cette prise de position qui est importante. Pour eux, embauches et licenciements doivent obéir aux règles du marché. Pour y arriver, il faut libérer le jeu de l’offre et de la demande des entraves - le droit du travail en l’occurrence - qui empêchent la réalisation de l’allocation optimum des ressources, le point d’équilibre optimal. C’est l’alpha et l’oméga de toutes les théories néo-classiques. Le marché doit être libre de toute contrainte pour réaliser, par ses mécanismes, l’équilibre général. Steve Keene, un économiste australien, avait démontré dans L’imposture économique (éditions de l’Atelier) les hypothèses et les développements coupés de toute réalité et de toute logique de ces théoriciens. Le marché n’a jamais fonctionné sans règles sinon la confiance dont ces économistes parlent beaucoup disparaît. Tout marché est structuré par l’État !
Ils reconnaissent qu’il faut des limites au pouvoir patronal mais elles se situent en-dehors de marché du travail, par des contrats signés au sein des seules entreprises entre employeurs et salariés. C’est faire fi des principes mêmes du droit du travail, droit exceptionnel qui avait pour objectif de défendre le « faible » - le salarié – face à la force économique de l’employeur. C’est aussi, ces accords d’entreprise, une « reféodalisation des liens sociaux» comme l’écrit le juriste Alain Supiot dans son rapport commandité par l’Europe en 1999, Au-delà du travail, qui vient d’être réédité par Flammarion augmenté d’une préface en forme de réquisitoire contre la loi El Khomri intitulé « Les voies d’une vraie réforme du droit du travail».
Ces économistes refusent de voir la réalité. Le chômage n’est pas « frictionnel », ses causes ne sont pas à rechercher dans les rigidités du marché du travail mais dans les crises, financière, économique qui se traduisent par la montée des faillites, des restructurations de l’ensemble des entreprises. Ainsi que dans la politique économique des gouvernements. L’austérité a comme conséquence la baisse des dépenses publiques renforçant la tendance générale à la surproduction et à la déflation.
Il est intéressant de noter les auteurs de cette prise de position ne citent plus l’Allemagne comme une référence obligée. Et pour cause. Le gouvernement allemand est en train de revenir, sans le dire, sur les contre réformes du gouvernement Schröder en 2000, pour renouer avec des mesures sociales comme l’instauration d’un salaire minimum – mesure qui fait un retour en force dans tous les pays développés – désormais plus élevé que celui de la France.
Tous ces néo-classiques, malgré leurs différences, ne proposent aucune analyse des crises qui secouent l’ensemble du monde. Ils restent enfermés dans un univers glacé – et glaçant -, dans leurs modèles qui ont pris la place de la réalité. 
La BCE semble actuellement la seule à avoir pris conscience de la crise ouverte, financière et économique, qui vient. Elle axe sa politique monétaire sur la lutte contre la déflation en visant, via l’augmentation de la masse monétaire, le retour de l’inflation. Le 10 mars 2016, elle a décidé de faire passer son principal taux directeur de 0,05% à 0% soit du crédit gratuit pour toutes les institutions financières et d’augmenter la création monétaire (dit Quantitative Easing) de 60 à 80 milliards par mois pour acheter non seulement des obligations de la dette publique mais aussi celles des grandes entreprises privées.
Super Mario Draghi
Sur le terrain théorique, c’est une totale remise en cause des hypothèses de la théorie néo-classique, de l’idéologie libérale. Mario Draghi, en se servant de la parabole de Milton Friedman de la monnaie jetée d’un hélicoptère sur la foule en délire, a proposé – ce n’est pas encore une décision – de le prendre au mot. Une idée qui semble farfelu et pourrait se traduire par le versement de 1000 euros sur le compte en banque de chaque Européen – de la zone euro bien entendu. Mario Draghi partage, de manière pragmatique – ses déclarations restent peintes aux couleurs du libéralisme -, la position théoriques de Keynes qui analysait, après Marx, que la création monétaire joue un rôle actif dans l’économie en se traduisant par une demande supplémentaire permettant de lutter contre la surproduction et la déflation.

La théorie néo classique, rappelons-le, donne à la monnaie un rôle uniquement de facilitateur des échanges. Pour eux, la monnaie est un voile aux échanges et, au final « les produits s’échangent toujours contre des produits» comme le résumait Jean-Baptiste Say. Ils ne prennent pas non plus en compte que l’Argent, dans le capitalisme, devient Capital et peut servir la hausse de l’investissement, de l’accumulation.

La surproduction généralisée soit le fait que toute la production fabriquée ne se vend pas, que le surinvestissement est avéré posent la nécessité d’un changement fondamental des politiques. Pour donner de l’oxygène, il faut relancer l’économie. Le projet de loi El Khomri en supprimant l’essentiel des droits et garanties des salarié.e.s approfondira cette récession faute de l’existence d’un filet social, collectif de sécurité. Il fait la preuve non seulement de son manque d’analyse du contexte mais aussi du caractère réactionnaire de ce projet. Il ne réduira pas l’incertitude, au contraire.

L’idéologie libérale est en train de voler en éclats sous les bombardements de la réalité des crises. Il est plus que temps de proposer des alternatives.

Nicolas Béniès 
 

C'est le printemps et tout peut basculer vers l'espoir !

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 CHRONIQUE DIFFUSÉE DANS RACAILLES RADIO (1er avril 2016)

Youhou, c'est le printemps !
Après la pluie (la préfecture avait en effet déposé un avis de vigilance orange pour gaz lacrymos et matraques qui devaient nous tomber sur la gueule jeudi 31 mars) vient le beau temps, les jours heureux ... On va bientôt fêter les travailleurs (enfin ceux qui restent), guincher dans les guinguettes et chanter le temps des cerises... Qui sait ?!

#NuitDebout place de la République (Paris)

Il se lève quelque énergie dans ce pays, le désespoir est peut-être en train de se commuer en espoir. Après les attentats terroristes, l'état d'urgence, la toute puissance et l'omniprésence des gens armés est devenu terrifiante, qu'il s'agisse des terroristes, mais aussi des policiers, des militaires (vous savez ces gens très très très très mal élevés qui ne servent à rien d'autre qu'à exporter l'impérialisme français et sont encore accusés de centaines de viol en Centrafrique). On voit bien que ce sont tous ces gens armés qui ne font que répandre la peur et la violence.

Face à tous ces gens en armes, d'autres forces surgissent pour ne pas tomber dans le piège d'un état policier, mais surtout pour proposer un autre modèle de société.

En effet la répression policière est démesurée et injustifiée. Aujourd'hui, on peut être interpellé et faire une garde à vue pour le seul fait de participer à une manifestation non déposée en préfecture (c'est ce que nous avons vu jeudi 31 mars à Caen où un copain a été arrêté sans aucun autre motif - écouter son témoignage ICI). Quelle absurdité ! Il faut demander le droit de protester au gouvernement contre lequel nous protestons. Une situation complètement ubuesque dans un monde complètement ubuesque, où il reste heureusement des gens un tant soit peu raisonnés (et notamment la jeunesse qui ne veut pas vivre dans un monde pareil) qui tentent de le transformer. Ce monde est absurde, comme on le répète tout le temps chez RacaillesCorporation (sic), il essaie de maintenir un système financier, productiviste à bout de souffle.
Ce qui était complètement insensé ces derniers jours, c'était aussi de voir un parti se réclamant de gauche tenter d'inscrire la déchéance de nationalité et l'état d'urgence dans la Constitution et de voir la droite entraver ce projet. Tout ce monde là marche sur la tête - on le dit - et on fait surtout le constat d'un parti unique qui gouverne alternativement mais qui a le même ADN capitaliste complètement dépassé. Une pancarte dans les manifestations de jeudi 31 mars résume très bien ce message “9 ans de Sarkozy ça suffit, démission !”.
Il ne faut pas oublier, contrairement à ce qu' a affirmé Valls (qui ne veut rien excuser, et encore moins ses propres responsabilités) que la précarité, la pauvreté croissante, la répression permanente,... c'est tout ça qui génère de l'amertume, de la frustration, de la haine, et voire parfois le terrorisme.

Alors dans notre pays, il se passe quelque chose. Mais pas seulement dans notre pays, car lorsque l'absurdité - que ce soit la concentration des richesses, la destruction de notre environnement, le mépris des migrants (qui ne font qu'essayer de survivre) - ou les injustices arrivent à leur paroxysme, il ne faut pas grand chose. Il ne faut pas grand chose pour que tout bascule subitement. Tout le monde est exaspéré, désespéré, et c'est au summum de ce désespoir que tout peut basculer vers l'espoir. Car au final, on n'a plus grand chose à protéger et à défendre maintenant, mais on a tout à imaginer et à conquérir.

C'est pourquoi on entend beaucoup dans ce mouvement contre la loi travail, dans des manifestants qui veulent aller bien au delà du simple retrait de cette loi. 
C'est pourquoi la convergence des luttes entre lycéens, étudiants, fonctionnaires, salariés du privé, chômeurs, zadistes ou paysans est déjà à l’œuvre. Car on ne se bat pas simplement contre un projet de loi, on se bat contre un système dans son ensemble ! 
C'est pourquoi a émergé la Nuit Debout où des gens commencent à occuper des places dans les grandes villes du pays, pour se réapproprier le pouvoir et le partager entre eux, pour faire vivre la démocratie comme on le fait depuis 2500 ans maintenant, en parlant entre nous sur les places publiques, en donnant la parole à ceux qui ne l'ont jamais et que personne ne représente jamais (ou si rarement) au Parlement. 
On a besoin d'agoras, on a besoin de se confronter aux autres, pour sortir de notre petit égoïsme quotidien et pour construire des projets collectifs. Un peu comme on tente de le faire à Racailles, un collectif qui donne la parole aux petits, aux opprimés, à ceux qu'on étouffe, aux rêveurs et aux marginaux de tout poil, et tout cela sans aucune prétention. Il faut renverser ce vieux monde complètement périmé et en construire un nouveau, avec tout le monde et pour tout le monde !

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Carrouf' Caen et le travail (forcé) du dimanche

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Article publié dans Racailles n°68

“Putain, y a pu d’beurre et d’confiotte !”
Avouez, vous aussi ça vous parle ces déconvenues du dimanche matin ! De quoi vous flinguer tout le week-end. Heureusement, le Dieu du commerce - Ô Macron - vous offre une vie meilleure. Grâce aux gens qui se lèvent pour aller se casser le popotin dans le froid et les vapeurs dominicales, y a tout c’quon veut quand on veut. Ils paraît qu’on appelle cela le “j’obtimisme” !
Piquet de grève à Caen - 22 mars 2016
Le groupe Carrefour, garant du bonheur commun, avait dès 2012 bien compris ces enjeux. Alors pour vous filer du beurre pour les tartines et sous couvert de mettre du beurre dans les épinards de leurs travailleurs précarisés, il a voulu ouvrir quatre supermarchés sept jours sur sept à Caen et faire travailler ces derniers le dimanche. Mais patatra ! La CGT Commerce du Calvados a défendu ces travailleurs, attaquant Carrefour au tribunal. Quelques mauvaises langues diront que la CGT préfère le sandwich saucisse aux tartines. Qu’à cela ne tienne… Elle a gagné (voir ICI). Inenvisageable pour Carrouf’ d’accepter cette décision qui va en appel (voir ), en cassation et… perd à chaque fois !

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais c’est mal connaître l’esprit revanchard du groupe Carrefour et sa détermination sans faille de faire du dimanche un jour de la semaine déshumanisé. C’est une façon comme une autre pour le groupe d’asservir encore un peu plus « ses » salariés. Et la loi Macron est passée par là... Fin 2015 le tribunal administratif décide d’annuler l’arrêté d’interdiction d’ouverture des commerces. Dans la foulée le préfet décide d’abroger l’arrêté. Hourra !
Mais comment convaincre la poignée d’irréductibles travailleurs qui refusent envers et contre tout de sacrifier leur vie personnelle. Carrouf’ dépêche trois cadres dans les Carrefour Contact. Il faut faire taire ces misérables qui décidément ne comprennent rien à rien et leur montrer qui est le patron dans la boutique ! Le magasin avenue de Paris à Caen/Mondeville est vent debout et le conflit n’est pas prêt de s’apaiser et les employés sont combatifs. Fin mars ils ont accueilli les cadres-pingoins avec un piquet de grève. Ils sont ainsi les salariés du dernier Carrefour Contact de France fermé le dimanche. Le bras de fer perdure face à ce Goliath, dans un combat bien inégal. Mais si pour une fois l’histoire se répétait et leur donnait raison…

Igmack

Caen - L'hôtel de Than va être restauré en foyer d'urgence

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L'hôtel de Than, situé boulevard Maréchal-Leclerc, devrait être restauré d'ici fin 2016, en appartements d'hébergement d'urgence. L'ancien cinéma Pathé, situé juste à côté, sera détruit.

À Caen, l'ancien hôtel de Than, situé boulevard Maréchal-Leclerc, va faire l'objet d'une restauration comme l'indique le journal Ouest France. D'ici fin 2016, des appartements accueillant des personnes mises à la rue devraient y voir le jour, comprenant des T1, T2 et T3, ainsi qu'une épicerie solidaire au rez-de-chaussée gérée par le CCAS (Centre communal d'action sociale) de la Ville de Caen. L'ancien cinéma Pathé, situé juste à côté, sera détruit. La ville est en négociations pour y construire un autre foyer d'urgence. C'est le service de veille sociale 115 qui sera chargé de la gestion de ce lieu. Selon Joël Bruneau, Maire de Caen, ce nouveau lieu "permettra enfin d'ouvrir le centre-ville aux populations les plus fragiles, toujours repoussées à l'extérieur des villes depuis des décennies". Il ajoute que "c'est un nouveau choix politique décidé par la municipalité, un rééquilibrage en quelque sorte". Un constat partagé par Evelyne Pambou, directrice départementale de la cohésion sociale du Calvados : "financer à fonds perdus des nuitées d'hôtel et devoir parfois laisser des familles entières dormir à la rue n'est plus possible. C'est une nouvelle dynamique volontariste de l’État pour assurer une réelle prise en charge sociale et que plus personne ne dorme à la rue à Caen d'ici 2017". Elle annonce ainsi que plusieurs centaines de places devraient être crées afin d'accueillir les SDF, les ménages victimes d'expulsions locatives et les migrants en attente de titre. 


Classé monument historique

L’agence caennaise en charge du projet est dans l’attente de l’agrément de Bercy, pour valider ce projet. Qualifié par cette dernière de "programme d’exception", puisque le bâtiment, édifié entre 1520 et 1525, est classé monument historique. Sur chaque appartement de réinsertion, 66 % des travaux sont déductibles des impôts. "Une économie non-négligeable qui permettra sans doute de construire d'autres centres d'hébergement", selon le gérant de l’agence.

Un enthousiasme partagé par Joël Bruneau : "Nous sommes en discussion avec les associations caritatives et les collectifs de soutien aux squats afin que la nouvelle offre réponde au mieux aux besoins". L'épicerie sociale, elle, permettra d'offrir des produits (alimentaire, cosmétique, maison, etc) à contre-courant de la vie chère imposée par les grandes enseignes du centre-ville.

Donc, la démocratie est morte

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Nous avons reçu ce texte rédigé par un lycéen Caennais. Il évoque les violences policières et l'évacuation de la Nuit debout du 46 mars (15 avril) dernier.

AG de la Nuit debout à Caen le 15 avril

Belle nuit place Saint Sauveur à Caen ! Une centaine de citoyens avait décidé de suivre le mouvement national de la "Nuit debout", opération totalement pacifique consistant en se rassembler, discuter, faire naître des idées, des projets, et montrer son opposition à un projet de loi polémique. Malheureusement, nous sommes actuellement en État d'urgence !
État d'urgence : procédé très pratique qui permet à l'État de réprimer les libertés de ses citoyens selon sa volonté, et uniquement quand cela l'arrange. 
Ceci a donc justifié cette nuit l'évacuation de la place Saint Sauveur par les CRS, usant de gaz lacrymogènes. Évidemment... Comprenez ô combien un groupe de citoyens qui discute, partage et réfléchit est dangereux pour les élites par les temps qui courent ! 
Oui, je vous l'affirme, la démocratie est morte. La démocratie se meurt depuis un bon moment dans notre cher pays, mais nous atteignons actuellement un point encore jamais vu auparavant. La répression de nos libertés s'effectue depuis un moment déjà : figurez-vous que certaines villes en France ont instauré un couvre-feu pour les jeunes, les interdisant de sortir dans les rues passée une certaine heure le soir [ceci a été par exemple instauré à Lisieux - NDLR]. Voyez-vous arriver par là peu à peu la violation de nos libertés individuelles ? Si ce n'est pas le cas, vous devriez car vous risqueriez sinon d'être surpris un jour, lorsque vous serez destitués de tous vos droits. 
Heureusement pour nous, Normands, la ville de Caen n'a pas encore imaginé ce genre de mesure ! Nous pouvons donc encore, le soir, sortir rue Ecuyère avec nos amis, pour faire ce que l'on ne citera pas ici. Mais avez-vous déjà vu une fois les CRS débarquer rue Ec' pour disperser les fêtards à l'aide de gaz lacrymogènes ? Non [la dernière intervention importante eut lieu en mars 2006 en marge de "Bar à Zik" où la police avait, sans raison, chargé les rues piétonnes et terrasses bondées - NDLR].
Photo Twitter / @BriacTrebert
Alors maintenant, quelqu'un peut-il m'expliquer la différence entre les soirées rue Ec' et la Nuit Debout place Saint Sauveur vendredi ? Dans les faits, c'est la même chose. Des citoyens qui se réunissent dans une rue ou sur une place. Aucun n'est plus dangereux que l'autre, et même s'il devait y en avoir un, au vu du taux moyen d'alcool dans le sang dans l'un des deux rassemblements surnommés, nous savons bien lequel pourrait déborder le plus vite. 
Alors pourquoi en réprimer un et pas l'autre ? Parce que - comme je le disais - dans les faits, c'est la même chose. Mais dans l'idée, un seul s'oppose à l'État. Et c'est là que je peux affirmer que la démocratie est morte : l'État ne veut plus que l'on s'oppose à lui. Il interdit les rassemblements qui montrent que les citoyens ne sont plus d'accord avec lui. Il ne veut plus que l'on élève sa voix si l'on a un avis contraire au sien. Cela ne vous rappelle rien ? Allez, un petit effort... Oui, voilà, c'est ça ! La pensée unique ! Caractéristique principale des régimes totalitaires et des dictatures ! Oui, c'est bien là-dedans que l'on rentre si on ne fait rien. 
Oui, on est bien mal barré. Tous en France. Tous ? Ah non c'est vrai ! Étourdi que je suis, j'oubliais les élites ! Si, vous savez, ces champions de la fraude fiscale, ceux qui possèdent des comptes cachés au Panama, ceux qui s'en mettent plein les poches en nous laissant crever à la tâche. Ceux qui connaissent parfaitement le système, et qui en profitent au maximum, tout en le rendant le plus illisible possible pour que les autres n'en usent pas - faut pas pousser quand même ! Ce sont les mêmes qui insultent les personnes désireuses d'implanter un camp de migrants dans le 16è arrondissement de Paris. Ce sont les mêmes qui sont élus au Parlement Européen et qui viennent de voter une directive sur le secret des affaires visant à cacher encore plus toutes leurs opérations, pour éviter un scandale du type "Panama Papers". Ah non, pas pour éviter leurs sociétés écran, simplement pour éviter que le peuple soit mis au courant par ces fouinards de journalistes !
Photo Facebook Caen - Nuit Debout
Oui mon message est long. Mais c'est parce qu'il y a trop de choses à dire. Il y a là un trop plein, nous ne pouvons plus accepter tout ça. Le peuple ne doit plus rester soumis, les citoyens doivent reprendre le pouvoir qu'ils ont perdu au profit de ces Élites. Aujourd'hui en France, il y a un constat à faire, et il est simple : la démocratie représentative ne fonctionne plus. Il nous faut trouver autre chose, un système viable pour la majorité d'entre nous, majorité qui aujourd'hui souffre. Vous me prendrez sans doute pour un gauchiste patenté et utopiste. Et vous n'aurez peut-être pas tort. Mais ne sous-estimez pas ma parole pour cette raison. Prenez bien aujourd'hui la mesure des événements et rendez-vous compte que tout le monde doit bouger. Même si vous n'avez pas forcément les mêmes idées, valeurs, avis politiques que moi. Même si vous n'avez pas d'avis politique du tout.

Aujourd'hui, vous et moi sommes tous dans le même bateau. Les élites nous regardent de haut depuis leurs gros paquebots et nous font couler plus rapidement entassés dans la même frêle embarcation.

Il est temps de passer à autre chose, il est temps de construire un nouveau navire. En unissant nos forces, nous trouverons des menuisiers, des assembleurs, des couleurs de métal, des marins, des membres d'équipage, et tout le monde aura sa place, son but, son utilité. Choisissons maintenant un autre cap, et naviguons vers ce monde meilleur auquel nous rêvons tous.

C'est le moment. Il est l'heure. Sortons de notre léthargie qui n'a été que trop longue. Unissons-nous. Il y a un choix à faire. Il se présente devant nous. Nous sommes face à un carrefour. Prenons le chemin qui nous mènera vers la réelle égalité, et laissons derrière nous ce simulacre de démocratie qui se meurt.

Tous ensemble !
Noé

Denis Robert, les banques et le cataclysme qui vient

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Le journaliste Denis Robert en a bavé. Seul durant des années contre la multinationale Clearstream durant des années. Il a découvert un système, enquêté sur chaque chaînon, décortiqué le moindre mécanisme de la machine à planquer le pognon. Alors quand on a entendu parler des Panama Papers et constaté l'emballement médiatique inédit à ce sujet, on a eu envie de retourner le voir... Rencontre avec un pionnier !


Racailles (R) - Ces dernières semaines les « Panama Papers » ont été très présents dans l'actualité. Tu as publié un billet très diffusé sur internet pour dire que ces révélations n'en sont pas vraiment étant donné que tu avais déjà été toi-même un lanceur d'alerte à ce sujet lors de tes enquêtes sur Clearstream…

Denis Robert (DR) - Je suis plutôt ravi que les médias en parlent et que Le Monde et Cash Investigation fassent des tartines là-dessus (et pour une fois avec des noms). Mais ce que je trouve incroyable et qui fait plus que m'agacer est l'attitude des politiques, et plus précisément de l'actuel gouvernement qui devait faire de la lutte contre la finance son cheval de bataille et qui n'a rien fait. Ils s'avèrent particulièrement en-dessous de tout sur la protection des lanceurs d'alertes. Alors qu'il y a eu notamment SwissLeaks ou Luxleaks, il n'a rien fait. Et là, dans le jeu de l'émotion, il fait croire qu'il va faire quelque chose, mais je n'y crois plus. En revanche on sent qu'il y a de l'électricité dans l'air et que les gens se saisissent de ce sujet.

J'ai été le premier à dénoncer ce fonctionnement de la finance et cela a fait de moi une sorte de pionnier. Aujourd'hui c'est un consortium international de plus de 100 journalistes qui a travaillé sur les Panama Papers. L'impact n'est donc pas du tout le même bien qu'à mon époque nous ayons fait l'ouverture des JT de 20 heures et que le PDG de la multinationale a été viré. Mais à l'époque, alors que je dénonçais déjà les filiales des banques françaises dans les paradis fiscaux, Le Monde a pris la défense des banques contre moi. Et aujourd'hui, ces mêmes journalistes qui écrivaient ces articles passent pour des investigateurs uniquement parce qu'ils ont reçu des documents. Ces gens semblent être sans mémoire et redécouvrent un peu la lune ! Alors certes cette attitude est pour moi déplaisante, mais cela reste très bien que ce nouveau scandale soit largement traité.

commentaire de Denis Robert publié sur Facebook
R - La différence tient peut-être aussi de cette culture du buzz qui a envahi le journalisme et qui nous fait nous demander si ce qui a le plus d'importance est réellement le fond ou plutôt la forme afin de vendre plus et donc d'alimenter l'écran de fumée cachant la médiocrité d'une partie du journalisme d'aujourd'hui. 

DR - Je ne sais pas si c'est le fond ou la forme qui prime vu que le fond du problème reste, lui, toujours le même. Mais ce qui diffère beaucoup aujourd'hui par rapport à mes enquêtes d'il y a dix ans, au-delà de la multiplication des journalistes qui travaillent sur ces dossiers, c'est surtout le creusement des inégalités. Les états ne se battent même plus contre les banques et les multinationales. Cela crée une situation où les gens - le public – les contribuables – les électeurs – les citoyens sont de plus en plus informés et acculturés de ces questions. C'est ainsi une vaste révolte qui gronde, avec un rapport direct entre d'une part #OnVautMieuxQueÇa, Nuit Debout et toutes ces manifestations qu'on voit naître un peu partout, et d'autre part tout ce que révèlent et démontrent ces affaires. On voit par exemple la Société Générale, qui était bien contente de récupérer de l'argent de l’État lors de la crise de subprimes ou dans l'affaire Kerviel et qui en même temps crée plus de 1000 filiales au Panama sur un seul bureau panaméen – et on peut facilement imaginer qu'il y en a d'autres. Les gens voient bien que les banques nous font les poches. Ne rien dire serait comme assister à un désastre et accepter d'assister à un désastre. Non ! C'est inacceptable ! 

R - Une autre différence avec l'époque « Clearstream » tient aussi de l'impact de la crise économique et sociale. On voit bien que ceux qui sont responsables de la crise des subprimes sont les mêmes que ceux impliqués dans les Panama Papers : c'est la finance…

DR - Laissons ce terme à François Hollande. Il ne faut pas parler de « la finance » car cela a pour effet d'anonymiser les véritables responsables : il s'agit globalement de 28 banques systémiques qu'on peut aisément nommer. Goldman Sachs, Merrill Lynch, Barclays Bank ; en France BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole-Crédit Mutuel ; Intesa Sanpaolo en Italie… Elles sont 28 - avec des sièges, des conseils d'administration, des actionnaires – à avoir créé entre elles une sorte d'interconnexion et qui toutes investissent dans des hedge funds, dans les paradis fiscaux et font dans leurs compte une partie « bilan » et une autre « hors bilan » dont, par définition, on ne connaît ni le contenu ni l'ampleur. Ensemble, ces banques représentent un magot équivalent à cent fois le budget de la France !
Ces banques se servent toujours aujourd'hui d'outils comme Clearstream ou Euroclear pour d'une part aider des clients à planquer leur oseille dans les paradis fiscaux, et d'autre part à jouer sur des hedge funds et des produit dérivés qui fabriquent une sorte de pyramide de Ponzi[un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants - NDLR]. Certaines banques, comme par exemple la Deutsche Bank, s'en retrouvent très endettées et si l'une d'elles venait à craquer, on assisterait à un effet domino cataclysmique. C'est comme un casino où chacun est obligé de miser au risque de perdre sa mise en cas d'arrêt. Donc il faut miser toujours plus. Dans le cas des banques, c'est ce qui crée des dettes et des bulles spéculatives.

En 2008, selon un rapport de l'ONU cité par The Observer, le système bancaire américain s'en est sorti grâce à l'argent de la drogue. Quant aux pays plus épargnés comme la France, c'est l'aide des états qui a permis d'éviter le pire. Mais la prochaine fois qu'une telle crise systémique éclatera, il n'y aura plus d'argent des états puisqu'ils sont exsangues. Cela veut donc dire que, du jour au lendemain, il n'y aura plus d'argent, avec des comptes en banque à zéro et des centaines de millions de personnes ruinées car il ne faut pas se leurrer : on ne trouvera pas d'argent sur Mars !
Mais ce type de crise est peut-être souhaitable car cela permettra enfin de construire un monde nouveau. Nous nous trouvons donc dans une sorte de situation pré-insurectionnelle et on se dit que le système bancaire avance avec un total aveuglement qui provoquera sa chute nette au moindre choc.

R - Ta description explique-t-elle aussi l'inaction des gouvernements qui sont bien évidemment au fait des agissements des banques ? Cela pose aussi la question du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) qui fait marcher la planche à billets...

DR -Rappelons que le gouverneur de la BCE Mario Draghi fut jadis vice-président Europe de Goldman Sachs… La BCE est en quelque sorte une banque privée agissant en dehors de tout contrôle politique et démocratique. Elle s'avère complètement larguée en ce moment et agit à contre-temps. 
Ce qui est sûr, c'est que rien ne se fera sans l'Europe. Mais c'est le même constat : c'est Jean-Claude "le blanchisseur" Juncker, ancien Premier ministre luxambourgeois, qui est actuellement à la tête de la Commission européenne. Le lobby bancaire est très puissant en Europe et on peut dire que c'est lui qui a réellement le pouvoir : l'enquête promise sur Luxleaks a par exemple été arrêtée. Cela ne laisse que peu d'espoir et on a l'impression que partout nous sommes encerclés de bâtons de dynamite prêts à péter ! Cela fait penser à cette citation d'Henry Ford : « il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin» !

Propos recueillis par Igmack et AG

Un entretien à écouter : 

Comment faire la nique au grand capital à coups de fourchette

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En attendant le grand soir, mangeons local et de saison

ou pourquoi consommer dans une AMAP ça fait du bien quand on rêve de changer la société (voire ça la change même un petit peu)


Raison n°1 : pour faire la nique à Carrefour, Leclerc, Auchan et au grand capital en s'approvisionnant dans des circuits alternatifs. Oh, cette incomparable satisfaction de savoir à qui iront nos deniers, un des seuls leviers qui nous restent à nous, humbles citoyens. Bien plus qu'un bulletin de vote, vous en conviendrez !
Car en AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) pas d'intermédiaire entre celui qui fait pousser et celui qui mange. C'est pas toujours facile, bien moins que d'aller mettre un filet de tomates dans un caddie, ça c'est certain !
Et puis, relativisons la corvée du panier de légumes à cuisiner ou des courses à faire dans plusieurs endroits. Un mec intelligent m'a dit un jour que les actes vécus comme pénibles étaient relatifs et qu'un samedi de courses à Mondeville 2 avec les embouteillages, la queue à la caisse et le stress généré, ça valait bien un lavage ou un épluchage de topinambours (et oui, le topinambour est taquin). 


Raison n°2 : pour faire la nique à Monsanto, Savéol et à tous ceux qui veulent breveter le vivant et se la jouer Attila. 
En général, les maraîchers livrant en AMAP sont plutôt du genre agriculture biologique. Le système AMAP permet au consommateur de rencontrer le producteur (et vice versa) et de se rendre compte de sa façon de travailler : au prix d'un tout petit peu de notre temps et à la place d'un samedi dans des galeries marchandes sous air conditionné, on passe un samedi aux champs ?

Raison n°3 : pour faire la nique à Servier, Sanofi et tous les vampires de la santé.
Je vous l'accorde, celle-là, elle est plus capillo-tractée, nonobstant, partant du principe qu'une alimentation riche en légumes frais et pauvre en pesticides est meilleure pour la santé, à terme, vous devriez bouffer moins de médocs.
Mais surtout, l'hygiène de vie d'un agriculteur en bio n'est pas tout à fait la même que son homologue en « conventionnel »...

Raison n°4 : pour faire la nique à tous ces gros agriculteurs qui dévastent les bocages et les haies, qui font de l'élevage comme des tortionnaires, qui se moquent du vivant, se jouent de la planète et nous feront tous crever via les pesticides, les farines animales, les OGM, les nanoparticules et autres joyeusetés technologiques.
Soutenir une agriculture à taille humaine, respectueuse (de la terre travaillée, de ses salariés...), c'est pareil, ça fait du bien par où ça passe.

4 excellentes raisons donc et on pourrait vous en trouver 100 !


Mais vous objecterez sans doute qu'une AMAP, c'est sympa 5 minutes mais c’est quand même super chiant. Ça prend du temps, faut s'engager, faut cuisiner, on peut pas venir chercher ses paniers quand on veut, faut commander et payer à l'avance, pis faut sans doute être bénévole dans l'association, entretenir des rapports humains... en plus les légumes on sait même pas toujours ce que c'est.
Oui et re-oui, et c'est même pour ça que c'est si bien !
Reconnaissons toutefois que le système AMAP qui implique régularité et constance n'est pas compatible avec tous les modes de vie. En gros, c'est quand même plus pratique quand on sait où on sera et ce qu'on fera d'un trimestre sur l'autre.
Si décidément l'AMAP c'est pas pour vous, d'autres moyens de consommer sont possibles. La vente directe à la ferme ou sur les marchés, les coopératives d'achat... En tout cas, avant la radicalité totale de l'AMAP (tous des révolutionnaires ceux-là !) on peut toujours commencer par s'interroger sur le sens du « pouvoir d'achat » dont on nous rabat les oreilles et penser ses choix de consommation.
Avant le grand soir, ça, c'est déjà le début de l'après-midi !
Et si on veut bouffer des tomates toute l'année ?
Là, le grand capital a gagné et qu'on s'étouffe avec !


Muriel, Laurent, Ju, Louise

Caen contre le 49-3 : après les flics, les médias sortent les matraques

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Trois chiffres suffisent à résumer cet inexorable glissement vers l'infâme opéré par ce gouvernement : 49.3. Ils constituent un coup de plus porté à tous les salariés, étudiants, chômeurs ou précaires en lutte depuis des semaines et tous ceux qui refusent ce monde où la loi du capital domine. 

« Travaille, consomme et ferme ta gueule »

Ainsi nous retiendrons que ce 10 mai, 80 ans après le Front populaire - permis par d'importants mouvements ouvriers et populaires -, un gouvernement qui se dit "socialiste" en aura liquidé l'héritage. Comment le fait-il ? Par la force, par le musellement d’une représentation nationale déjà à la peine, en s'asseyant encore un peu plus sur une démocratie bien mal en point. Ainsi il faudrait que nous voyions bafoué un des principes essentiels de l'esprit des Lumières, celui de la séparation des pouvoirs, et ce sans rien dire, sans protester, sans résister ? Sommes-nous si proche de l'abîme que le silence assourdissant de la résignation collective amène au sacrifie des fondements même des vestiges de la « République sociale » ? Au nom de quoi ? 

Aujourd'hui, quelle honte de voir ce qui est décidé en notre nom par cette oligarchie. Ça fout encore un peu plus la rage. Et il y a de quoi avoir la rage, avoir envie de faire son Lino Ventura et distribuer des paires de claques à ces fossoyeurs (préférez Jean-Claude Van Damme si la finesse n’est pas trop votre truc). Faisons de cette colère une force de résistance. Mieux, une force de conquête !

Action contre le PS à Caen

Cette colère déborde de toute part. Elle est si vaste qu’elle ne peut que s’exprimer en s’amplifiant depuis des mois, des années. Et malgré la sympathie d'un grand nombre de personnes et les efforts déployés pour le populariser, on peut parfois regretter que les grèves n’aient pas l'ampleur espérée, mais se réjouir que les Nuits Debout se constituent en forces de convergence et d’alternatives. Face à ces mouvements, combien d'appréciations lues et entendue ces dernières semaines lui reprochent d’être tantôt animés par des bisounours en manque de réalisme, tantôt d'être un rassemblement de fêtards ?

Mais pour faire régner le conservatisme, les médias locaux ont, ce 10 mai, pondu des articles à la pelle, dignes des meilleurs communiqués de la préfecture, afin de dénoncer une action qui s’est tenue le soir même vers 19h au local du PS (rue Paul Toutain). Des rédacteurs de Racailles y ayant assisté, nous pouvons témoigner que du mobilier a été sorti dans la rue, des tracts et papiers renversés à l’intérieur, des murs et une exposition sur Tonton Mitt’rand quelque peu décorés… Peu de choses comparé à la violence symbolique infligée par le 49-3 contre l’ensemble de la société (bientôt violence réelle pour nous tous) et plus globalement la violence policière systématique et disproportionnée qui, ici comme partout en France, fait pleuvoir les coups de matraque et gaz lacrymos comme rarement depuis longtemps. Alors oui, pour déconsidérer ce mouvement, les chiens de garde médiatiques sont lâchés et s’en donnent à cœur joie comme l’a montré le site d’Acrimed (article à lire ICI).
 

Les chiens sont lâchés !

Ce 10 mai au soir, le zèle rédactionnel est admirable pour raconter cette « opération coup de poing (...) revendiquée par les anti-loi Travail qui se sont retrouvés spontanément entre 60 et 70, en fin d'après-midi» selon Ouest France, dont les photos ne montrent pas le « saccage» annoncé en titre. Saccage qualifié ailleurs d’« action commando» dont Liberté le Bonhomme Libre nous apprend qu'il a été mené par « une bande de 40 personnes» (une bande réduite à « un petit groupe d'une vingtaine de personnes» chez France 3). Le titre parle, lui d’un « groupuscule en fuite (…) à environ 19 heures» avant de nous décrire un « paysage de Capharnaüm» que ne corroborent pas vraiment non plus 22 photos souvent redondantes montrant notamment… des piles de chaises rangées sur le trottoir ! 
Le « désastre» - le sacrilège pour les socialos qui témoignent ICI ou - concernerait surtout le détournement de l'expo Mitterrand. Précision importante : les auteurs ne sont donc pas des socialistes ! Ils n'ont donc évidemment « aucune culture politique» (beaucoup d'encartés PS croyant encore être de gauche, si si !), ce sont « des jeunes anti-capitalistes primaires, mélangés à quelques casseurs d’origine libertaire» (autrement qualifiés de « groupe de casseurs» par Normandie-actu qui, comme tous ses confrères, n’était pas présent sur place pour constater les faits). La phrase finale du Liberté sonne comme une lourde menace contre cet acte effroyable qu’ils espèrent déjà pouvoir intégrer rapidement à leur principale rubrique, celle des faits divers : « la police scientifique poursuit sa chasse aux indices», confirmant ainsi ce que Ouest ‘rance évoquait plus tôt : « le Parti socialiste a décidé de porter plainte ».

De la légitimité dans l'illégalité

Comment s'étonner qu'il y ait des débordements lors de conflits sociaux ? Car si la violence est illégale et parfois contestable selon les points de vue, elle reste souvent l’ultime expression légitime de populations pressées comme des citrons et une forme d’expression politique contre des éléments ciblés, instruments de ces oppressions : ici le PS, là une banque ou encore une multinationale (comme Vinci). 
Face à l'acharnement du pouvoir et des médias dominants à défendre un monde que le peuple réprouve, un militant nous fait part de ses interrogations : « Pourquoi la Police n'a pas anticipé cette action, elle qui se connecte si régulièrement sur les comptes Facebook et Twitter des groupes concernés (voire tente de les bloquer par moments) ? A qui donc profiterait le "crime" si l'affaire débouchait en Justice ?». Cette fois encore, l’acharnement accusateur, décrédibilisant et subjectif s’est abattu sur les victimes plutôt que les bourreaux. 

Alors redoublons d’efforts « parce qu’à la fin c’est nous qu’on va gagner» comme disent nos copains de Fakir! Plus que jamais, dressons-nous, debout ! Et faisons face pour défendre l'intérêt général et ce qu'il reste de notre démocratie. Crions encore plus fort que tous ces salopards !
 
L'oligarchie, ça suffit !
L'injustice, ça suffit !
L’infamie, ça suffit ! 

La rédac’

Avec FlicAdvisor, réservez votre nuit à l'Hôtel Commissariat ***

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Hôtel Commissariat

10 Rue du Dr Thibout de la Fresnaye, 14000 Caen
Téléphone :02.3. 29.22.22

Photos


Etablissement sobre et sécurisé

Exemple de suite pour l'accueil de groupes

Services 

  • Accueil de groupes 
  • Bagagerie 
  • Photomaton 
  • Coup de fil à un ami 
  • Soins de santé 
  • Conseils juridiques 
  • Service d’étage 
  • Room service 

Chambres

Pas de mobilier Second Empire mais une décoration d’inspiration troisième Reich. Le charme de l’ancien s’allie à la modernité des croix gammées finement gravées sur les vitres dans un style très épuré.
Les murs aussi sont de véritables œuvres d’art. Il fallait oser le mélange de styles si différents. Mais le pari est gagné et les œuvres dans la lignée du travail de Jean-Michel Basquiat cohabitent à merveilles avec les peintures de style art premier. Nous aimons l’esprit novateur de ces dernières qui s’inspirent des œuvres rupestres tout en laissant de côté le figuratif. Faites de matières 100% naturelles elles sont une véritable invitation à la méditation. Faire sortir la matière du corps pour la faire se dévoiler aux yeux du public sous forme d’art, tel est le procédé utilisé par les artistes qui nous renvoi au stade anal décrit par Freud. Et très vite nous nous prenons à réfléchir à l’intérieur et à l’extérieur. Au dedans et au dehors. A la rétention et à la libération. Ainsi, tout est pensé pour vous laisser le loisir de vous adonner à la contemplation et à l’introspection en toute tranquillité.

Restauration

Au moment des repas le service d’étage vous proposera des plats légers et diététiques. Le petit plus : les plats végétariens !

Personnel

Ambiance familiale garantie ! Vous serez accueilli par un personnel disponible et chaleureux qui n’hésitera pas à vous tutoyer pour vous mettre à l’aise. Assurément, vous vous sentirez comme chez des amis.
Le personnel de l’hôtel sait concilier décontraction et rigueur. Les employés savent reconnaître leurs ôtes de marque et leur témoigner toute l’attention qu’ils méritent. Ils veilleront à satisfaire vos besoins en priorité au nom de la « préférence nationale».

pour chaque client, un accueil à gerber

Engagement environnemental

Pas d’aération ni de climatisation dans les chambres, l’Hôtel Commissariat s’engage pour le respect de l’environnement et de la biodiversité. Vous aurez ainsi la chance d’observer le développement d’un écosystème à composantes fongiques.

Avis client

Dangerous Kitten 
Caen, France
« Avec sept copines avons logé dans la suite princesse. Nous avons aimé le côté minimaliste de l’ameublement (un seul matelas posé au sol) qui nous a permis de pouvoir mieux circuler dans la pièce et même de danser toute la nuit ! »

FattyB
Caen, France
«Où que nous soyons nous sommes exposés à des publicités pour de la nourriture. C’est vraiment dur de résister quand on est au régime ! Ici ils ne poussent pas à la consommation ! Nous étions sept et nous avons pu nous partager trois plats. C’est parfait pour le dîner ! En plus tout le monde sait qu’il faut manger léger le soir ! »

M@rguer!t€
Caen, France
« Ils sont vraiment trop sympas ! Ils font même des blagues et charrient comme si on était trop potes ! J’étais trop MDR quand Jean-Kévin m’a dit « ferme-la grosse vache » ! Comment il m’a tuer lol ! »

PROMO !

En ce moment, en partenariat avec la préfecture du Calvados offre spéciale : 
1 ticket de bus acheter = 1 voyage aller offert
(Offre soumise à conditions valable sur les lignes de bus participantes*)




*Offre réservée aux personnes non détentrice de papiers français. Inscription automatique des participants au grand tirage au sort pour tenter de gagner un aller simple vers leur pays d’origine.

Garance : potiches de salon et salon de potiches !

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Hello les girls !
Alors pour le week-end, je vous ai dégotté une idée de sortie hyper hype trop girly : LE Salon Garance, « le salon de toutes les femmes» dixit le sous-titre ! Oh, mais ça a l'air trop bien, je vais pouvoir y aller avec toutes mes copines so fashionnistas ! Il faut dire que l'affiche est alléchante et remplie de promesses : on va pouvoir parler beauté, décoration, évasion, bien-être et création entre filles et ça c'est trop chouette !

THE salon va nous donner, à nous les Femmes « des astuces pour se sentir bien et se faire plaisir» ! Et avant tout, il faut choisir quel life style nous représente le plus. Alors, les girls, à vous de jouer pour découvrir quelle femme vous êtes. Parce que, on a beau être toutes différentes, notre point commun, c'est notre girl attitude !!
...

Nan mais c'est pas bientôt fini toutes ces conneries ?! On est au 21ème siècle, là ?? Vous n'avez pas l'impression qu'on nous prend encore pour des cruches sans cerveau ? Bon allez, on va être sérieuse cinq minutes et réfléchir un peu à ce que nous propose ce salon de la féminitude ou plus clairement de la fumisterie. 

Tout d’abord, à vous de choisir ce qui représente le plus votre style de vie parmi cinq catégories caricaturales et bien prémâchées. Alors, urbaine, bohème, glamour, curieuse ou baroudeuse ? Ça sent le brainstorming de folie les mecs ! On est direct propulsé dans les bas fonds de la presse féminine, Cosmo, Glamour et Femme + !

Mais alors, si par malheur je ne me retrouvais pas dans ces cinq catégories, cela voudrait il dire que je suis hors cadre, hors case donc hors norme ? Que je ne suis pas... une femme ? Mouais, c'est un peu (beaucoup) réducteur !
Loin de moi l'idée de juger les femmes qui vont visiter ou participer à ce salon. Ce qui me fout hors de moi et me casse les ovaires, c'est cette foutue communication genrée !!! Alors quoi, le jour où les organisateurs créeront un salon « Robert, pour les mecs qui ont de la testostérone » y aura des ateliers de fabrication de bière, des compétitions de jeux vidéos, des bagnoles à tester et des femmes à poil ? J'entends déjà l'enthousiasme des rédacteurs de Racailles pour un tel Salon.

Marion Peck
Côté animations, bienvenue à cliché-land : ateliers couture, arts créatifs et petits bricolages pour apprendre à peindre, à relooker un meuble, ou encore à harmoniser son intérieur. On pourra aussi créer ses cosmétiques et découvrir les huiles essentielles. En voilà une belle représentation du « savoir faire féminin » !
Quand aux exposants, même punition : de la manucure, de la maroquinerie, des stands d'épilation, de rajeunissement de la peau, des fringues, de la remise en forme, de lingerie, de sex toys, de coiffure et même des défilés de mode.
Et cerise sur le cupcake, quelques conférences aux thèmes si profonds et émancipateurs tels que « le pouvoir des anti-oxydants dans votre corps et sur votre peau», « je suis actrice de ma vie grâce à la psychologie positive» et le fameux « la femme et le chocolat» (sic).

Alors un salon beauté et bien-être, pourquoi pas ! Mais pourquoi toujours une communication ciblée, genrée, qui nous rabaisse à des êtres futiles, superficielles, nous cantonne à des rôles stéréotypés et fait, au final, perdurer les inégalités ? Car comme le dit Mona Chollet, « sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'auto-dévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente»

Olouges de Gympe

Acharnement judiciaire sans limites contre un leader syndical Caennais

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[Nous nous inspirons ici du texte d'un militant Caennais
avec quelques ajouts]
 
Ce 23 novembre, le secrétaire de l'Union Locale CGT de Caen Franck Mérouze était poursuivi devant le Tribunal de Grande Instance pour outrages envers le directeur départemental de la sécurité publique, Jean-François Papineau (suite à une plainte de ce dernier datant de juillet 2016). Faut dire que c'est un homme d'honneur Jean-François: l’État c'est lui, la Liberté c'est lui, la Matraque c'est... Tellement d'honneur qu'il nous avait nous aussi menacés de poursuites similaires pour une petite blague radiophonique qui ne semblait pas sur les rails de son humour.


Rassemblement de soutien devant le TGI - 23/11/2016

Franck Mérouze a été convoqué en septembre et auditionné par un officier de police judiciaire qui lui avait alors notifié qu'il était bien poursuivi pour outrage, et seulement pour cela, les autres chefs d'inculpation (diffamation et dénonciation calomnieuse) ayant été abandonnés par la police et le Parquet.

OUTrage ?

Le texte "outrageant"étant un tract syndical du 12 mai dernier, il avait été diffusé publiquement et ne s'adressait pas à M. Papineau. On pouvait notamment lire : "Le responsable de la DDSP a délibérément provoqué un incident grave en ordonnant à un officier de jeter un pétard sur le cordon de CRS afin de justifier de la charge contre les étudiants". On se doute bien qu'il n'a pas été (uniquement) diffusé dans les commissariats et encore moins tiré à un seul exemplaire destiné au plaignant ! Du coup, l'outrage n'est absolument pas constitué et ou se disait déjà qu'on allait vers une relaxe assurée. Pour défendre Franck, son avocat a invoqué le jurisprudence "Guaino" (en référence à Henri Guaino dont la condamnation pour outrage à magistrat avait été annulée par la Cour de cassation).
 
Communiqué à l'origine des poursuites

Acharnement judiciaire contre le mouvement social

Et ce matin patatra ! Lors de l'audience, la Procureure a demandé le report et la requalification de l'outrage en diffamation qui, espère-t-elle, permettra une condamnation.
Comme l'évoquaient ces derniers jours plusieurs organisations membres du Collectif de vigilance contre l'état d'urgence, il s'agit de terroriser ceux qui se mobilisent, qui bougent et qui résistent en maintenant un acharnement judiciaire inouï, peu importe que les droits les plus fondamentaux soient foulés aux pieds. "Nous avions dénoncé un maintien de l'ordre fondé sur une stratégie de la tension qui limitait  de fait le droit de manifester par un déploiement démesuré des forces de l'ordre, affirmait le collectif. L'état d'urgence servait de justificatif à des interventions policières disproportionnées. En poursuivant un responsable syndical le Parquet cautionne et prolonge cette stratégie. Quelle est le but d'une telle poursuite ? Intimider celles et ceux qui veulent contester l'arbitraire des pouvoirs publics ? Si tel est le cas, il s'agit d'une dérive importante contre les droits collectifs. Pire encore, le Parquet poursuit une personne alors que les faits sont imputables à un collectif. Il s'agit là d'un retour déguisé à la loi « anti casseurs» que les législateurs ont abrogé parce qu'elle était contraire aux droits de l'Homme".
Ici seule semble compter la défense de "l'honneur" de Papineau, prétexte évident d'une procédure politique comme en déplorons des centaines partout en France depuis la mise en place de l'état d'urgence, et d'autant plus en lien avec les mobilisations contre la loi El Khomri au printemps. Personne n'est dupe : ce n'est pas pour défendre un fonctionnaire victime que les autorités agissent (son avocat n'a d’ailleurs été désigné que la veille du procès) mais bien pour défendre une stratégie de maintien de l'ordre et d'atteintes systématiques aux droits collectifs.

Alors voilà, Franck Mérouze doit payer pour garantir l’autorité de l’État, des pouvoirs publics locaux et de la police. Mais le combat n'est pas terminé et c'est avec vigueur que nous allons le soutenir pour mettre à mal le travail de ces fossoyeurs de nos libertés et faire exercer les droits tels que la liberté d'expression et la liberté syndicale. Le Tribunal n'a pas requalifié les faits, décidant d'un renvoi au 17 janvier prochain.
La raide action

Frotteurs, harceleurs : hors de ma vue, hors de ma rue !

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Depuis de trop nombreuses années, le virus du HDR* se propage insidieusement dans nos contrées. Celui-ci provoque chez les hommes des comportements étranges vis à vis des femmes dans l’espace public, certains étant même contaminés sans le savoir. Et si on coupait le mâleà la racine ?

« SALE PUTE »

Caen, un vendredi soir. Je reviens seule d'un concert où j'ai passé une très bonne soirée avec une copine. L’ayant raccompagnée jusqu'à sa voiture, je repars vers chez moi. Soudain, une voiture ralentit et s'arrête à ma hauteur. A l'intérieur, quatre mecs, une vingtaine d'années environ. Le passager avant baisse alors sa vitre et là, l'insulte, hurlée, crachée : « SALE PUTE !!!».
La voiture redémarre en trombe, j'entends les rires, juste le temps pour le passager de remonter sa vitre. Moi je reste là, bloquée. Ça aura duré cinq secondes... juste cinq putains de secondes. Quelques mètres à faire avant de retrouver mon appart'. Quelques mètres seulement pour atteindre cette foutue porte.


Une fois chez moi, je me suis effondrée. Parce que j'avais eu peur. Parce que j'étais en colère, contre eux et surtout contre moi. En colère parce que je n'avais rien répondu. En colère parce que la première réflexion que je me suis faite c’est que ma robe était peut-être trop courte. Une chape de culpabilité m'est tombée dessus.
Ce n'était pas la première fois que j'entendais des commentaires de mecs dans la rue, mais je n'y faisais pas - ou je ne voulais pas - y faire attention. Comme beaucoup de femmes, j'avais pris l'habitude de mettre mes écouteurs avec de la musique à fond, de marcher vite, d'éviter certaines rues, de baisser les yeux.

Un vendredi banal, mais une vraie prise de conscience

Après cet épisode, j’en ai parlé à mes ami-e-s. Et là, les réflexions qui m’ont le plus dérangée sont celles des femmes, qui m’expliquent qu’elles n’osent plus mettre de jupe quand elles sortent « Ça m'est arrivé aussi. C’est pour ça que j'hésite a mettre une jupe quand on sort en public...». Les mecs, quant à eux, font de l’humour et tentent de dédramatiser : « Sinon, faut remettre dans son contexte l'approche du pré-pubère auteur de ce petit mot : il est 1h, sa méthode de drague classique a échoué, il ne veut pas dormir sur la béquille, c'est la période du brame, il a tenté un passage en force pour ne pas rentrer bredouille ;-) Sur un malentendu… :-D ».


Heureusement, certain-e-s trouvent les mots justes. « Je compatis. Ce n'est pas à ces hommes de nous dicter notre façon de nous habiller. A 13h ou à 1h du matin, une jupe ne fait pas d'une femme une pute. C'est à eux de changer leur comportement, pas à nous !». Ou encore : « Ne portant jamais de jupe, je n'ai pas eu le privilège de connaître ce genre de compliment gratifiant... Le goret en question n'est heureusement pas représentatif de la gente masculine, c'est juste un gros con sans cervelle, sans doute incapable de "pécho", donc qui se venge comme il peut : de façon débile. Oublie ce trou duc', et continue de porter des fringues qui te plaisent».

J’effectue des recherches sur le net et ce que j'y découvre me fait froid dans le dos. Je ne suis pas la seule à avoir subi ce type d’agression, loin de là. Et c'est une bien maigre consolation.

Alors, reprenons depuis le début. Le harcèlement de rue, puisque c'est de ça dont il s'agit, qualifie « les comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeller verbalement ou non, leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle » (selon le site stopharcelementderue.org).

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs documentaires ont mis en lumière ce phénomène. Tout d’abord War Zone de Maggie Hadleigh-West, étudiante en cinéma qui s'est filmée en 1998 aux Etats Unis demandant à des hommes qui la sifflaient ou l'interpellaient dans la rue pourquoi ils le faisaient.
Puis un autre documentaire Femme de la rue, filmé en caméra cachée par Sofie Peeters, aussi étudiante en techniques audiovisuelles, et montrant une jeune femme qui se promène dans les rues de Bruxelles en 2012 et se fait aborder et insulter par les hommes qu'elle croise. Suite à ce documentaire, le gouvernement Belge a mis en place une amende de 250€ pour toute personne qui importunerait une femme dans la rue.

Et en France ?

En mars 2013, Virginie Vilar, journaliste pour le magazine de France 2 Envoyé Spécial, a filmé ses déplacements à différents moments de la journée dans les rues et les transports parisiens. Le reportage est édifiant (extrait ICI). 
Depuis, les langues se sont déliées, notamment grâce à la force des réseaux sociaux. où des femmes témoignent quotidiennement de ce qu’elles vivent dans les transport en commun et dans la rue. Leurs propos et témoignages sont relayés par exemple par la page Facebook Paye ta schnek, par Stop harcèlement de rue ou encore le Projet crocodiles de Thomas Mathieu. Celui-ci illustre en BD des témoignages de femmes ayant subi du harcèlement de rue et y représente les hommes sous forme de crocodiles.
Ça me rappelle l’histoire récente d’une copine de la rédac’, hyper  sensibilisée à toutes ces questions et pas du genre à fermer sa gueule, bien au contraire ! Et pourtant…

“18h15 - dans le métro pour rentrer chez moi. Mode sardines activé. Tout le monde est plus ou moins proche de son ou sa voisine et fait la gueule. Sauf que derrière moi, je trouve la personne très proche. Je jette un coup d’œil et je l'identifie comme un mec. Je me dégage un peu mais à chaque virage ou soubresaut du métro, il se retrouve collé à mon cul. Là, le dialogue intérieur commence : ben oui mais bon, y a du monde. Oui... mais il se recolle à chaque fois quand même. Peut-être qu'il est aussi gêné que toi ? Ouais mais bon, là, ce que je sens c'est bizarre quand même. Au bout de quelques longues minutes sans avoir osé intervenir, je me dégage et me colle à une paroi.
"Regarde droit devant. Regarde droit devant. Regarde droit devant… A un moment, je jette un œil vers lui. il me sourit. Et là, c'est le moment où tu réalises... Merde. J'ai rien imaginé du tout en fait. Merde merde MERDE ! J'le crois pas... Moi qui passe mon temps à envoyer chier les relous dans la rue, à aiguiser des punchlines avec les copines. Et là, j'ai rien dit. RIEN. Je suis restée là. Pétrifiée. Comme une teubée.
Mon arrêt arrive bientôt. Et il est toujours là, à me regarder en souriant. Tranquillement en plus. Avenant. Je dois réagir ? Trop tard pour gueuler ? Je vais passer pour une "hystérique", hein ?! Sauf que l'autre là, ben il continue de me regarder en souriant... Et merde ! C'est peut-être sa technique de drague de frotter sa bite en érection sur ton cul ?! Il continue de sourire. Il va peut-être me suivre ?! Faut que je fasse un truc avant mon arrêt ! Du coup, je choppe mon portable au moment ou le métro arrive en station et le prends en photo : "ça t’amuse de te frotter contre les femmes dans le métro ? Espèce de connard !". Évidemment, il s'est planqué, et je suis sortie en trombe du métro. Histoire d'exploser en sanglot sur le quai. Toute seule. Comme une idiote.
Toi et tous ceux de ta sale race de merde de relous, je vous DÉTESTE ! Va mourir !
Le pire, c’est qu'à cause de pauv’ tâches comme toi, c'est nous qui nous sentons sales, mal de ne pas avoir réagi assez tôt... Attends deux secondes de vivre dans ma dictature autogérée et tu vas prendre tellement cher !!! J'en ai marre de ce monde de merde où les pénis ambulants se croient tout permis !”

Différentes études ont été menées et les constats sont toujours les mêmes, toujours aussi alarmants. Selon l’Insee, 25% des femmes âgées de 18 à 29 ans ont peur dans la rue, 20% sont injuriées au moins une fois par an et 10% subissent des baisers ou des caresses qu’elles ne désirent pas. Ainsi, 62,5% des femmes insultées dans l’espace public par un inconnu ont fait l’objet d’une insulte sexiste. Selon Irene Zeilinger, sociologue et auteure de Non c'est non (premier manuel en français sur l'auto-défense féministe "à l'attention de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire"), « si on part de l'idée que ce ne sont pas toujours les mêmes quatre ou cinq relous, nous parlons là de 3,4 millions d'insulteurs, 1,4 millions de suiveurs, 750 000 exhibitionnistes, et 500 000 tripoteurs en France. C'est beaucoup. Et c'est trop». Et au vu des multiples témoignages sur internet, on peut dire que toutes les classes sociales sont concernées.
Mêmes constats du côté du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : 100% des femmes ont été harcelées au moins une fois dans les transports en commun et 76% ont été suivies au moins une fois dans la rue. Enfin une récente étude de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports, à la question des éventuelles réactions des témoins, seuls 5% viennent en aide. Car il y a aussi ça, une sorte de double peine : subir une agression en tant que telle mais subir aussi l’absence de réaction de la part des gens autour... (voir par exemple ICI).
« Depuis quelques années, explique Irene Zeilinger, le grand public se rend compte d'un problème que le mouvement féministe épingle depuis plus de quarante ans : pour les femmes, l'espace public est un lieu d'intimidations, d'objectification sexuelle et d'agressions. (...) Le harcèlement de rue n'est ni une nouveauté, ni une facette inaliénable de la nature humaine. Pas plus qu'il ne se laisse réduire à une série d'incidents malheureux, mais isolés, commis par des hommes anormaux. Il fait partie d'un système qui traverse et organise notre société : la domination masculine».

Entre frilosité, déni et inaction politique

Au niveau des politiques, c’est le gros bordel tant sur le harcèlement de rue que sur le harcèlement dans les transports ! Début 2016 par exemple, l’article 14 de la loi relative à la sécurité dans les transports, qui prévoyait différentes mesures pour lutter contre les comportements sexistes dans les transports, a été supprimé par le Sénat. Interpellé par la députée Marie Le Vern, qui s’est aperçue de cette suppression, le sénateur rapporteur de la loi François Bonhomme (LR) explique que le harcèlement sexuel étant un délit, il est déjà englobé sous la notion de prévention de la délinquance. Une mesure spécifique aurait donc été, selon lui, “redondante”. Manque de bol, vu les études, rapports et campagnes de pub du moment, ça faisait moyen ! Finalement, le passage de la loi en commission mixte paritaire a permis de réintroduire ce fameux article 14.

Depuis les autorités tentent de mener des campagnes de sensibilisation (comme la Ville de Paris), mais beaucoup restent souvent cantonnées à la seule question des transports (comme par exemple la RATP, et très récemment, chez nous, la Préfecture du Calvados qui a lancé une enquête sur son site internet).

Concernant le harcèlement de rue, ce qui se joue, c’est la difficulté de définir clairement le harcèlement sexiste et son inscription juridique. Le harcèlement tel que présent aujourd'hui dans la loi peut être qualifié de différentes façons :
  • les propos ou comportements à connotation sexuelle, de caractère dégradant ou humiliant, répétés ou non (traiter une femme de salope, se masturber devant elle…) relèvent du harcèlement sexuel, et sont donc punis de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende (article 222-33 du code pénal) ;
  • les attouchements ou caresses de nature sexuelle (même un « frottement » dans le métro à travers des vêtements) sont des agressions sexuelles, jugées en cour d’assises, qui peuvent être punies de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende — et jusqu’à quinze ans de prison pour un viol ;
  • en revanche, il est moins évident de caractériser certains comportements dénoncés par de nombreuses femmes — notamment dans des témoignages sur Internet : compliments appuyés et répétés, regards insistants, sifflements, individus qui suivent des femmes…

Alors le combat va devoir continuer
Parce que se faire siffler dans la rue n’a rien de « plutôt sympa», contrairement à ce qu’a affirmé Sophie de Menthon en 2015 en pleine semaine de lutte contre le harcèlement de rue.
Parce que "t'es bonne" n'est pas un compliment.
Parce qu'il y en ras le bol de se faire insulter dans la rue.
Parce qu'on n'est pas de la "viande à viol",
Parce que j’en peux plus de devoir raser les murs et accélérer, comme si c’était moi qui devait avoir honte.
Parce que quand c’est non, c’est NON !!!


Depuis quelques mois, je réponds d’un ton ferme et en levant la tête. J’ai toujours peur, mais je ne le montre plus ! J’en parle et je fais circuler les infos auprès des femmes mais aussi des mecs. D’ailleurs allez-y messieurs, posez la question autour de vous, à vos sœurs, vos mères, vos copines, vos collègues, vos proches et ouvrez les yeux ! Ce n’est pas qu’un combat féministe mais un combat sociétal. Ce n’est pas l’affaire des femmes, mais l’affaire de toutes et tous.

Olouges de Gympe

*HDR = harcèlement de rue

Sexisme en Médecine

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De l’image du grand médecin paternaliste accompagné de son infirmière subordonnée au regard adulateur, aux fresques des salles de garde des CHU et aux questionnaires d’examen à « l’humour » douteux, le sexisme en médecine est ancré dans les esprits dès les premiers pas des futurs praticien.ne.s. Récit d’aventure en terre carabine. 

Tout commence dans les cours de première année, année de concours où le but est d’être meilleur.e que la personne à côté de soi, et pendant laquelle les étudiant.e.s des années supérieures s’adressent à nous depuis l’estrade de l’amphi pour nous dire à quel point l’année d’après sera placée sous le signe de l’amusement, où l'on sera les meilleurs potes du monde ! Tout ça en amorçant déjà la hiérarchie qui sera prédominante dans la suite de nos études et dans notre future profession. Ils viennent nous vanter les qualités de dieux du sexe de nos camarades masculins, à coup de chansons paillardes où, bien sûr, les femmes sont réduites au rang d’objets sexuels inanimés ou d’accessoires à accumuler. Exemple, la chanson des carabins (étudiants en Médecine) : « Les carabins ça baise comme des dieux, ils ont tous des rubans rouges et bleus. Les filles de la fac ne font qu’un seul vœu, c’est celui de leur pomper le nœud».

Fresque de la salle de garde du CHU de Clermont-Ferrand
Fresque de la salle de garde de l'hôpital Antoine-Bédère - Clamart

Du temps des commandements...

Quand on arrive en deuxième année tant attendue, les Licence 3ème année - surtout celles et ceux qui occupent des postes à la Corpo (donc un peu les mini-dirigeants d'après leur ego) - nous mettent en équipe avec d’autres camarades pour réaliser ce qu’on appelle les commandements, qui nous servent à accumuler des points et gagner un lot lors de la soirée du week-end d’intégration. Dans une liste de 50 commandements classés des plus soft aux plus trash, on retrouve des petites douceurs comme « donner une fessée à trois inconnues dans la rue en leur disant "t’aimes ça coquine"», « photocopier ses seins à la Corpo» ou le must « Faire un Jacquie et Michel» qui rapporte le plus de points. Et TOUT doit bien sûr être filmé, histoire de se payer une franche rigolade tous ensemble en regardant des camarades harceler des gens dans la rue.

Article également à écouter en ligne ICI

Partie intégrante de la « tradition carabine », toutes ces petites merveilles humiliantes et dégradantes que les étudiant.e.s sont amené.e.s à subir sont ce qui font qu’on est vraiment fier d’être en médecine et d’appartenir à ce cercle d’élite... (sic) Ce système de commandements est justifié par ceux qui le perpétuent comme un moyen de créer des liens et de rencontrer les autres gens de sa promo. Évidemment, quoi de mieux que d’apprendre à se connaître dans des situations humiliantes ?!
Je dis on nous force, mais non ! On nous répète bien au début de l’année : « si y a des trucs que vous avez pas envie de faire, ne le faites pas hein, aucun soucis». C’est bien beau, mais on nous a prévenu dès la 1ère année : si on ne fait pas des trucs un peu osés, et qu’on ne montre pas qu’on en a, on sera catégorisé « étudiant.e fantôme». Et dans un système où on nous incite à penser que le seul moyen d’exister est d’être intégré.e, beaucoup laissent de côté leur éthique et leur intégrité.

...au week-end d'intégration

Vient ensuite le week-end d’intégration, paroxysme de l’humiliation, où les deuxièmes années (les Bizuths) doivent réaliser des parcours dans les bois pendant que les étudiant.e.s des années supérieures leur lancent de la nourriture ou d’autres choses ragoutantes à base de différents fluides corporels, en criant « À mort bizuth !» ou en les forçant à se mettre dans des situations dégradantes, souvent à genou, en train d’aboyer, en mangeant un Kub Or ou de la pâté pour chien.
Mais bon, ça se justifie... « Ouais mais vous en faites pas, nous aussi on a vécu ça l’année dernière, l’année prochaine ce sera votre tour». Ah ! Super ! L’année prochaine je pourrai humilier des gens gratuitement et passer mes frustrations sur d’autres étudiant.e.s. Impatience, quand tu nous tiens !

Le week-end d’intégration est donc un bel exemple de mise en place du système hiérarchique basé sur l’humiliation et l’oppression qui régit les études de médecine et ensuite la profession. Système qui est souvent légitimé par son aspect traditionnel et par la longueur et la difficulté des études. En effet, vu qu’on va être longtemps ensemble et qu'il s'agit d'un milieu super fermé et élitiste, si on veut avoir des chances de progression, vaut mieux se faire bien voir et développer les bonnes relations avec les bonnes personnes. Et pour ça, il faut être in-té-gré.e. Et pour être intégré.e, il faut passer par la case humiliation, qu’on soit d’un côté ou de l’autre d’ailleurs, c’est-à-dire qu’il faut se faire humilier, puis humilier les autres en retour, en respectant toujours la hiérarchie.
Scène de bizutage en Médecine

L'élection de Miss Chaudasse en apothéose 

Pendant la soirée d’intégration - où les étudiant.e.s de deuxième et troisième année enfin réconcilié.e.s font la fête ensemble - parce que ce sont les meilleurs potes du monde et que tout est bien qui finit bien - on a le droit à l’élection de très bon goût de « Miss Chaudasse ». 
Miss Chaudasse obtient son titre grâce aux mecs de la Corpo qui la choisissent sur des critères plus sympas les uns que les autres. Par exemple, le nombre de personnes avec qui elle a couché dans la promo, les trucs les plus trash qu’elle a osé faire (comme montrer ses seins, ouuuh attention), le nombre de mec qu’elle a supposément embrassés dans la soirée, etc. En plus de voir son intimité révélée au plus grand nombre, elle subit donc aussi la culpabilisation et le jugement de sa sexualité par ses camarades.

Évidemment elle n’a pas d’homologue masculin et même si elle accueille en général le titre avec le sourire - un peu figé tout de même mais bon, pas trop le choix, on se marre, c’est une blague - elle traînera tout au long de l’année voire de ses études l’étiquette qu’on lui a collée ce jour-là et les remarques désobligeantes, ainsi que le harcèlement de certain.e.s de ses camarades. 
Mais attention, « elle l’a cherché quand même hein ! Bah ouais, à force de coucher à droite à gauche, de montrer ses seins à tout le monde fallait bien que ça lui tombe dessus… Mais bon regarde, elle a l’air bien contente quand même, elle sourit et tout ! J’vois pas où est le mal, on rigole !». Bah ouais franchement il est où le mal quand on lui fait comprendre, à elle comme à tant d’autres, que sa seule valeur lui vient de son corps et de ce qu’elle peut en faire pour satisfaire ses collègues masculins ? Il est où le mal quand on dit aux étudiantes que le seul moyen d’avancer et de se faire une place, c’est de se laisser traiter comme un bout de viande et d’accepter d’être constamment dénigrée ? Il est où le mal quand on leur refuse en permanence leur droit de contestation, leur droit d’expression, le respect de leur consentement ?

Consentement ?

C’est pas vraiment un concept qu’on nous apprend en cours. Ah mais si ! On nous apprend à respecter le consentement éclairé des patients - avec plus ou moins de succès - mais a priori ce n’est pas un truc applicable aux femmes du milieu médical, tradition carabine oblige. Parce que pendant ces soirées géniales où tout le monde s’éclate et se marre, des femmes se font harceler voire agresser sexuellement, et ce dans le plus grand secret. Enfin pas secret pour les autres étudiant.e.s qui parfois assistent à la scène sans broncher. Il règne dans ce milieu un tel déni de considération des femmes et un tel système de protection des personnalités « populaires » que c’est souvent la victime elle-même qui est blâmée. « Bah ouais mais attends, tu sais que quand il boit il est violent, t’avais qu’à pas l’aguicher comme ça» ou le fameux « nan mais c’est un mec super sympa, on le sait que quand il boit il est pas top des fois», « et puis c’est quand même le troisième mec de la soirée que t’embrassait»... Des phrases que j’ai réellement entendues.
Ne soyez pas violées / Ne violez pas
On inverse complètement les rôles victime-agresseur en rejetant la faute sur le comportement de la victime et en portant à nouveau un jugement sur ses actions, alors que le mec, coupable lui, se voit exempt de toute responsabilité parce que « quand même il est vachement sympa». Mais on le sait bien le harcèlement sexuel et le viol c’est ÉVIDEMMENT de la faute des victimes qui l’ont bien cherché ! Et les agresseurs en général, eux, ne peuvent pas y faire grand-chose, pauvres biquets !

D'étudiants à praticiens

Pendant que toutes ces idées bien chouettes de domination et de misogynie se font une place bien tranquille dans les cerveaux des futurs professionnels, tous continuent leurs études pour devenir chirurgien, médecin ou parfois gynécologue. Et comme vous l’imaginez, ces comportements sexistes et humiliants ne disparaissent pas une fois le diplôme en poche. Il n’y a qu’à voir le nombre d’étudiantes victimes de harcèlement sexuel de la part de leurs supérieurs masculins. On trouve notamment des témoignages d’externes que des chefs de service aiment bien prendre sur leurs genoux ou sur les fesses desquelles ils apprécient donner une petite tape avant de rentrer dans le bloc.

Ce sexisme et ce paternalisme ambiants créent des professionnels qui ont appris à dénigrer les femmes, à ne pas les considérer comme des égales, qu’elles soient patientes ou collègues. Pour les patientes, c’est même le combo vu le déséquilibre important qui existe déjà dans la relation médecin-malade auquel s'ajoute la discrimination compte-tenu de leur genre. Cela se ressent à pas mal de niveaux. Des études montrent par exemple que les médecins ont tendance à sous-estimer la douleur des femmes et à dénigrer leurs plaintes, ce parce qu’ils ont intégré des stéréotypes de genre complètement infondés selon lesquels les femmes se plaignent plus souvent et ne méritent donc pas autant de considération que ces braves messieurs, forts et robustes ! Ce qui est non seulement complètement débile, mais en plus grave car donnant lieu à des retards de diagnostic et des mauvaises gestions de la douleur.

Ça se joue aussi chez les gynécos ou les médecins généralistes qui refusent de dispenser certaines contraceptions et portent des jugements sur la sexualité ou le désir (ou non-désir) d’enfant de leurs patientes. Il n’y a pas à chercher loin sur Internet pour trouver des centaines de témoignages de femmes à qui on a par exemple refusé de poser un stérilet, sous prétexte bidon que ça augmenterait les risques d’IST ou que ça mènerait à une stérilité ultérieure. Ce qui est complètement faux !
Non seulement on refuse aux femmes le pouvoir décisionnel concernant leur corps, mais en plus on les réduit toujours à leur rôle de mère, de reproductrice, en négligeant complètement leur droit propre. Et voir ça chez des médecins spécialisés dans la santé des femmes, ça pose problème car leur rôle est d’écouter leurs patientes, de les informer, de les accompagner, de se former du mieux possible pour réaliser tout ça. Mais ce n’est certainement pas de les juger ou de leur empêcher l’accès à tel ou tel type de contraception selon leurs croyances à eux, et ce n’est certainement pas d’exercer un contrôle sur leur corps en refusant de les considérer aptes à prendre les décisions les concernant.

Il existe des tas d’autres exemples du sexisme qui règne dans le milieu médical, il suffit pour en avoir un aperçu, de taper sur internet « Sexisme et Médecine » et de parcourir les innombrables témoignages de patientes ou d’étudiantes qui en sont victimes.
Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les médecins et il existe d’excellent.e.s professionnel.le.s qui exercent leur métier avec passion, ayant à cœur la santé et le bien-être de leur patient.e.s. Certains sites tels que Gynandco répertorient d’ailleurs les soignant.e.s féministes.

L'édito du Père No Hell

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Bonjour mes petits racaillous, c'est le père No Hell !

J'espère que vous avez été bien sages cette année. Si c'est le cas, je vais pouvoir vous gâter pour l'année à venir et vous apporter plein de nouvelles surprises.

Déjà, depuis quelques années je suis très généreux : les enfants de Syrie, du Yémen, d'Irak du Mali de Centrafrique,ou de Libye ont été particulièrement bien servis. Je survole avec mon traîneau supersonique les régions les plus pauvres de la planète pour distribuer mes cadeaux, et je largue de jolis présents qui sifflent en tombant, et font des milliers d'étoiles dans les yeux des enfants lorsqu'ils touchent le sol. 


Vous êtes particulièrement bien gâtés, vous savez combien ça coûte une bombe ? De 20 000 euros pour les GB 12 à 200 000 euros pour les ASM, sans compter une heure de vol supersonique avec pilote de traîneau : de 25 000 à 40 000 euros. 

Gâtés les morpions!

Quels enfants des pays occidentaux peuvent se targuer d'avoir des cadeaux à ce prix là ?
D'ailleurs ça me fait penser qu'on a oublié une chanson dans la compil de Noël les amis : “Comme les mirages, en Galilée, suivez des yeux l'étoile du blindé...”.

Ah oui, j'ai été généreux en 2015 avec les militaires : 1676 milliards de dollars, soit 2,3 % du PNB mondial, les dépenses militaires mondiales sont reparties à la hausse en 2015, c'est bon pour la croissance mondiale ça ! Plein de beaux joujoux de forme phallique pour des grands gamins en uniforme à épaulettes.
Avec seulement 10% de cette somme j'aurai pu éradiquer la pauvreté dans le monde, et ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Seulement 267 milliards de dollars pour ce faire.
A la place du prix moyen d'une seule bombe de l'armée Française je pourrai larguer 7700menus complets (entrée plats desserts) ou 12500 pizzas, ou 20000 kebabs, ou 40000 sandwichs jambons emmental ! Ou bien je pourrai équiper une ville moyenne en électricité pendant quelques jours, construire des écoles, développer une agriculture autonome pour rendre les habitants indépendants, développer des systèmes de récupération d'eau de pluie et lutter contre le désertification...etc etc

Mais non, ce que les enfants préfèrent c'est jouer à la guerre et regarder des feux d'artifices.
Et puis il faut entretenir la guerre, ça génère de la croissance, et des avancées technologiques considérables.

Le cynisme se porte toujours aussi bien en 2016 !

En France aussi je suis généreux, pour 2017, les surprises que je vais apporter vont être à la hauteur ! Je vais essayer de me surpasser par rapport aux années précédentes, vous aurez le choix entre Marine Le Pen ou François Fillon. Entre un capitalisme nationaliste qui légiférera à la solde des puissantes entreprises du CAC 40 et qui donnera peut-être du travail à tous les français mais payé une misère et en acceptant des conditions de travail , ou bien un capitalisme international à la solde des puissantes entreprises mondiales qui accepteront d'investir en France et qui légiférera pour que la France devienne aussi compétitive que le Bangladesh.

Il faut dire que vous n'avez pas été très sages vous autres français ces dernières années, vous croyez qu'en continuant de piller la Libye, le Gabon, le Mali et bien d'autres pays d'Afrique, vous croyez qu'en soutenant les Sunnites les plus radicaux seulement pour défendre vos intérêts, vous croyez qu'en expulsant les réfugiés fuyant les guerres ou en les laissant mourir à vos portes, vous croyez qu'en montant les communautés les unes contre les autres et en mettant en place un système de ségrégation sociale et raciale dans votre pays, vous croyez vraiment que le père noël va être généreux avec vous ? 
Faut dire, à votre décharge, que vous suivez un état du monde qui se dégrade considérablement, vous suivez les américains dans leurs guerres économiques, vous allez peut-être bientôt suivre les Russes dans les mêmes circonstances. Comme le dit l'adage, qui sème la misère récolte la colère. Les impérialistes vont bientôt récolter les fruits maudits qu'ils ont semés, l'escalade de la violence grimpe tellement rapidement qu'elle se fera bientôt en téléphérique.
Le problème avec la guerre, c'est qu'elle est assez facile à déclencher et à étendre mais extrêmement complexe à arrêter, c'est comme le dentifrice qui sort du tube que vous voudriez remettre à l'intérieur.
La guerre progresse partout, le désert progresse. Les attentats continuent, et nous admettons que cette violence se banalise. Beaucoup affirment que la 3ème guerre mondiale est proche du fait de la raréfaction des ressources, notamment en eau et en hydrocarbures, mais aussi par la progression de la désertification, le pillage systématique des ressources de pays convoités par des puissances étrangères et la fin de la domination américaine sur le monde. D'un côté, la Russie et la Chine s'arment considérablement et ont des politiques expansionnistes agressives. De l'autre, les USA sont en train de réformer complètement leur armée et de mener une guerre technologique sans précédent, on s'affronte déjà de manière indirecte, en Syrie, en Irak, en Ukraine, mais cette guerre froide larvée se réchauffe. 


Malheureusement, la haine est facile à propager en période de crise, elle se répand comme la peste partout ou les ordures s'amoncellent ! Qu'il est facile et lâche de haïr et de chercher un bouc émissaire lorsque l'on génère soi-même des problèmes.
Mais la guerre, si on ne fait rien contre elle, on la laisse s'installer chez nous, et une fois qu'elle est là, plus moyen d'y échapper sauf à fuir. Comme Jaurès, il faut combattre la guerre en permanence et jusqu'au dernier moment en faisant tout pour ne pas y contribuer : “On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre” disait-il.
Aujourd'hui, avec les attentats notamment, partout, on loue les attitudes de résilience et d'abnégation, résilience est un mot à la mode, les israéliens sont résilients, les parisiens sont résilients, les Berlinois maintenant. Alors je tiens à rappeler que la résilience désigne la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération. INITIALES... Cela veut dire qu'il ne faut pas juste être dans l'acceptation, tolérer le pire sans réagir, non ! ça c'est de la passivité, et indirectement on collabore à laisser notre environnement se dégrader. La résilience c'est combattre l'indifférence sans céder à la panique. Nous devons refuser sans cesse, ne pas accepter cette dégradation, continuer de nous indigner, voir parfois nous rebeller, nous enrager mais sans jamais propager la guerre. Nous avons une grande responsabilité devant les générations futures, celle de ne pas demeurer passif et impuissant. Nous portons en nous un sérum de vie, propageons-le également, plus fort plus rapidement que ceux qui propagent la haine, comme une maigre flamme fragile, portons la lumière partout ou l'obscurité règne encore, et surtout ne baissons jamais les bras !

D'autant plus que, pour terminer sur une note positive, je tiens à rappeler qu'il n'y a jamais eu aussi peu de violence dans le monde qu'aujourd'hui et ce depuis la nuit des temps : en 2016, on a 500 fois moins de chances de mourir d’un homicide que pendant la préhistoire et cette baisse a été continue jusqu'à nous, à travers toutes les époques et elle continue encore. C'est ce qu'on appelle le paradoxe de la violence !
Pourquoi paradoxe ? Pour expliquer ça, je vais invoquer Alexis De Tocqueville, qui nous a enseigné que : “dans une société, plus les inégalités baissent et plus les inégalités subsistantes deviennent intolérables”, il en va de même pour la violence : plus la violence diminue, plus on est sensible aux formes résiduelles de violence... et moins on se sent en sécurité. Voilà le paradoxe, paradoxe encore plus absurde que ce sentiment tronqué d'insécurité favorise le retour de la violence. 
Pour exemple : "Le terrorisme fait relativement peu de victimes, on a une chance infime d'en être victime, il n'endommage pas les infrastructures de l'ennemi. Et pourtant, il a un impact maximal". Le terrorisme, c'est un peu comme une mouche qui s'attaquerait à un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ses moyens sont un peu dérisoires mais, si elle s'y prend bien, elle peut provoquer une réaction catastrophique... 
Cette sensation d'un monde de plus en plus violent est causée par notre exposition médiatique croissante et au fait que nous vivions dans une société de l'image et de l'information. Chaque acte d'incivilité est monté en épingle et traité par de nombreux médias. En revanche, tout comme on ne parle pas de trains qui arrivent à l'heure, on n'évoque jamais aux informations les pays qui vivent en paix, les périodes de prospérité... Les bonnes nouvelles ne sont pas aussi sensationelles pour l'audimat. Et les informations ne sont pas représentatives de l'état réel du monde.
Le problème, c'est que ce sentiment de progression de l'insécurité constante est extrêmement dangereux.

Car c’est sur ce sentiment sur lequel surfent les replis nationalistes et protectionnistes tels que le Brexit, la vague extrémiste autrichienne, l’élection de Trump aux US (et son slogan décliné en “Make America Safe Again”) ou encore la montée du FN en France.
Bref, à force de croire que notre monde est de plus en plus violent, on pourrait finir par le rendre réellement plus violent

Alors continuons de nous indigner et de nous révolter contre les inégalités et les violences illégitimes !
Relativisons le discours médiatique et les sursauts de violence subite, mais restons actifs et vigilants. Et surtout, répandons partout, c'est notre devoir, surtout en tant que père noël, cette idée que la violence diminue considérablement car elle devient intolérable pour tous et surtout lorsqu'elle est injuste. C'est sans doute la meilleure manière de combattre les idées les plus nauséabondes. 

Et enfin, n'oublions jamais que seule notre action peut infléchir le cours des choses, si infime soit-elle.

Joyeux noël les enfants, et pour reprendre les propos d'un ami : « Je vous souhaite plein de douceur et de "bien-pensance" comme disent les cons ! »

Si vous voulez en savoir plus sur cette diminution de la violence au cours des époques je vous renvoie bien sûr aux travaux de Norbert Elias sur la pacification des mœurs mais aussi aux nombreuses statistiques sur les enquêtes de victimisation et sur la violence dans le monde lors du siècle dernier, le sociologue Laurent Mucchielli a également travaillé sur les violences et l'insécurité et notamment sur le traitement médiatique qui tend à modifier notre perception de l'insécurité par rapport à la réalité.

Le Père No Hell

Ci-dessous, vous trouverez des articles de presse traitant du même sujet :


Haines, mensonges et bêtise sur les réseaux sociaux : ripostons ! Racailles crée la BRI, Brigade Réflexive d’Intervention

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Marre de voir des flots de haine, de mensonges et de bêtise à longueur de commentaires sur les réseaux sociaux ? À Racailles, ça nous prend vraiment le chou. Alors on vous propose de créer une groupe afin d'y répondre intelligemment avec des commentaires-textes pré-rédigés et la force d'un groupe constitué pour alerter et répliquer à plusieurs. Explications.

Aujourd’hui, la généralisation des réseaux sociaux a créé un nouvel espace d’expression. Ce véritable espace public numérique donne à chacun la possibilité - ou tout du moins l’impression - de pouvoir exprimer ses opinions, ses coups de cœur, coups de gueule, et diffuser ses idées à qui voudra les entendre. C’est également un nouvel espace de diffusion de l’information pour les médias qui se retrouvent en interaction directe avec leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs à travers les commentaires.

Cette rencontre crée malheureusement un écho parfois digne du brouhaha ou du défouloir. L’anonymat et l’interface de l’écran décuplent l’impression de pouvoir tout dire sans limites, sans règles, sans responsabilités ou sans conséquences, et la parole brute, irréfléchie, sensitive ou réactionnaire se libère des règles du respect, du fait constaté et de l’objectivation. Cette situation confère à chaque propos la puissance et l’intérêt qu’il n’a pas forcément. Elle met sur un pied d’égalité la démonstration raisonnée et la réaction épidermique, et donne surtout l’impression du nombre - pourtant non quantifiable - à celles et ceux qui cherchent avant tout à faire de leur avis une généralité. Ces espaces de commentaires font de la discussion de comptoir un mode d’expression commun. 


Ici la parole raciste et discriminante est reine. Là mensonges et complots deviennent vérité-véridiquement-vraie ! Partout règne le “tous pourris”, le “tous coupables”, le “tous contre moi”... C’est quotidiennement qu’on se retrouve le moral dans les chaussettes à se demander comment on peut agir face à ce déferlement incessant et faire entendre une autre voix. Cette liberté donnée à chacun de dire ce qu’il pense enterre trop souvent le débat d’idée et le politique sous des tas d'immondices. Cela concerne bien sûr les militants organisés de la fachosphère, mais bien au-delà ce sont aussi et surtout des gens qui expriment des peurs de paupérisation et de déclassement auxquelles ils pensent avoir trouvé des réponses dans les discours mensongers de l'extrême droite.

A contrario, cette situation a l’intérêt de nous faire percevoir la réalité de conscience de certains de nos contemporains. On peut y voir les conséquences de l’atomisation de la société et de l’individualisme épandus par le recul des droits, la guerre entre les plus pauvres et les précaires (les chômeurs contre les immigrés, les précaires contres les chômeurs, les classes dites “moyennes” contre tous ceux-ci réunis) résultat de l’abandon des consciences de classe et de nos incapacités à penser le monde collectivement. C’est aussi le résultat de grands et petits jeux politiciens qui ont détourné nombre d’esprits des intérêts démocratiques et du combat politique de fond. Et ces échecs ont permis aux idées nauséabondes de gagner du terrain, à la parole raciste et xénophobe de se diffuser, et en même temps à nos courants humanistes et universalistes, œuvrant pour la justice sociale et environnementale, d’être rejetés, stigmatisés et pointés du doigt comme entravant le petit intérêt de chacun. C’est l’aboutissement de la doctrine capitaliste qui fait croire qu’en fin de compte “il n’y a pas d’alternative”.

La bêtise et l’ignorance font un tel vacarme quand elles s’expriment… Face à cela, reprenons de la force et de la voix. Soyons, nous-aussi, actifs sur les réseaux sociaux et fiers de nos opinions ! Soyons nos propres porte-voix avec pour buts d’informer, d’argumenter, de rectifier et de convaincre. Répliquons avec notre arme la plus aiguisée : notre intelligence ! Répondons avec respect à celui qui insulte, avec humilité à celui qui exprime sa supériorité, et avec des chiffres aux vagues impressions et aux idées reçues.

A Racailles on vous propose de fonder une Brigade Réflexive d’Intervention, la B.R.I. ! 

Le principe ? 

Constituer un groupe actif sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc) afin d’apporter des éléments d’argumentation et d’objectivation sous les articles de la presse locale autour de sujets propices aux déferlements de haine et d’inepties. Il ne s’agit pas forcément de répondre à chaque commentaire et de s’enfermer dans un faux débat interminable et usant, mais de publier un commentaire riche, développé et argumenté renvoyant à des auteurs, des chiffres et des faits. 
Pour ce faire, les membres de la BRI pourront se constituer un corpus de commentaires types à utiliser lors de ces réponses. Ceci a l'intérêt de permettre à chacun de répondre sans passer trois heures à faire des recherches ! L’intérêt du réseau est également d’appeler les autres membres à contribuer à tel ou tel commentaire-réplique afin de faire nombre. Enfin, et surtout, nous pouvons influencer un débat d’idée, renverser un sondage et convaincre des citoyens. 

Si nous ne sommes pas actifs et présents, nous n’existons pas, et il en va de même pour nos idées. Si nous voulons déplacer le centre de gravité du débat - se rapprochant depuis trop longtemps de l’extrême-droite - nous devons agir et reconquérir l’hégémonie des idées.


Pour participer, envoie un petit mail à :
bri@racailles.info !

Nous commencerons dans les prochains jours à constituer le corpus de commentaires. La participation de chacun est indispensable pour faire vivre cette démarche, tant dans sa construction que son application !

La rédac de Racailles

La rubrique nécro... Chérèque est mort mais le cadavre de la CFDT vit encore.

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Finalement, la CFDT a changé d'avis et souhaite rétablir une retraite pleine, entière et durable à 60 ans !


Les derniers mots de Chérèque (fils) : "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille". Il parlait évidemment de la pleine application de la loi El Komri depuis le 1er janvier.
On attend encore des précisions sur l'heure du pot de départ organisé au MEDEF.

Scandale à l'Université de Caen : 157 000 € de primes pour cinq dirigeants

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A l'Université de Caen, la CGT vient de révéler qu'une poignée de 5 responsables se sont partagé des dizaines de milliers d'euros de primes en 2016. Pendant ce temps, ils font appliquer une politique de rigueur sur les campus.

Environ 500 000 € de primes ont été distribués en 2016 aux personnels de l'Université, qui totalise 1 175 agents et salariés. Pragmatiquement, un rapide calcul permet de déterminer que cette somme correspond à une moyenne de 425 € de prime annuelle par personne, soit la bagatelle de 35 € par mois ! Mais là où la théorie ne laisse que peu de reconnaissance au travail quotidien de centaines de personnes, la réalité revêt à la fois la forme d'une injure et surtout d'un scandale.

Sur ces 500 000€, 157 000 € sont destinés à... 5 personnes ! Autrement dit, 31,4% du total des primes sont versées à 0,43% des bénéficiaires. Voici les détails du podium (et dont l'identité est facile à trouver sur le site de l'Unicaen) : 
  • la Directrice générale des services -> 43 000 €
  • l'Agent comptable -> 36 000 €
  • le Directeur général des services adjoint -> 33 000 €
  • le Directeur des ressources humaines -> 27 000 €
  • et le Directeur de la recherche et de l'innovation -> 18 000 €
Il faut donc des privilèges de PDG ou de femme de député véreux pour diriger une université aujourd'hui. Un symbole éloquent de ce que devient l'enseignement supérieur : une institution au service des capitalistes, avec ses managers grassement payés pour faire le sale boulot. Du fric, à défaut de dignité. Difficile de ne pas avoir la nausée face à l'action de cette cohorte de voleurs et d'escrocs qui s'engraissent d'argent public tout en dilapidant les institutions qu'ils sont censés diriger.

Pierre DENISE, Président de l'Université de Caen
Car l'Université va mal, toujours mal. Et la politique actuelle l'envoie droit dans le mur. On a d'ailleurs pu voir des mobilisations d'étudiant-e-s se constituer ces dernières semaines, parvenant à bloquer la cérémonie des vœux du nouveau Président de la fac le 30 janvier et réunissant début février près de 200 personnes lors d'Assemblées générales. On y dénonce les choix des dirigeants de l'université et du Gouvernement, comme par exemple les menaces de suppressions de filières entières avec en premier lieu les sciences humaines, la disparition prévue de plusieurs bibliothèques universitaires, un usage "autonome" mais néfaste des locaux allant à l'encontre des conditions d'étude et de travail, les projets de vente de campus entiers à Caen (soit-disant pour faire face à... la pression fiscale !), les sélections à l'entrée en Master, et encore et toujours des frais d'inscription qui s'envolent ! Au moins, on sait désormais où va l'argent.
Ces dirigeants sont également responsables des pressions managériales que subissent les salariés de la fac, et des attaques actuelles contre les formations de sciences humaines, jugées trop coûteuses et contribuant trop peu au rayonnement de l'Université. 

A Racailles, on vous décrit depuis notre création (lors d'un mouvement étudiant en 2007) ces mécanismes d'augmentation des frais d'inscription et les dérives du système d'enseignement supérieur, orienté à marche forcée vers des logiques de rentabilité, d'inégalités d'accès et de privatisation rampante. Et oui, il faut li-bé-ra-li-ser et casser à tout prix cet insupportable service public de l'éducation, de la connaissance, du savoir et de la recherche qui ne créerait que d'inutiles chômeurs... Les années passent, les discours et politiques restent. 
Mais les résistances sont tenaces ! Alors soutenez les étudiant-e-s et les personnels qui tentent de se mobiliser, notamment en allant sur la page Facebook "Défendons nos BU et nos conditions d'études et de travail"
Léo Salami
Article documenté par deux publications de la CGT et du NPA

L'injonction à aller voter

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Il n'y a pas de plus profond mépris que celui-ci. Faire barrage, quel renoncement de la pensée.
 
Aller voter pour une pute snob à la merci des oligarques et de la finance mondialisée et de leurs lobbies. Un jeune requin méprisant, taxant des ouvrières d'analphabétisme ou crachant sur des chômeurs ne pouvant se payer un costard à 1000 balles. Un type qui n'a jamais réellement connu le monde du travail, né avec une cuillère en argent dans la bouche. Un tricheur qui déclare autant de revenus que l'ouvrier Poutou lorsqu'on sait qu'il a récolté plus d'un million d'euros lors d'une opération de spéculation lorsqu'il officiait au sein de la banque Rothschild. Un énarque artisan du rapport Attali sur la compétition sous Sarkozy, soufflant le projet de CICE à Hollande, qui a construit la loi Macron et œuvrant dans l'ombre à la loi travail.

Et on nous exhorte à lui filer notre voix ?!

Voter pour la cause afin d'éviter la conséquence, voilà où nous en sommes arrivés : une impasse, une absurdité sans nom.
Dans quel camp sommes-nous ?
Ce deuxième tour est la somme de tout un tas de renoncements depuis une vingtaine d'années, renoncement de la gauche à la lutte des classe qui reste pourtant une réalité plus présente que jamais, renoncement à se battre : idéal social, démocratique et universaliste contre fascisme ou finance, renoncement à la pensée universelle et à l'authentique laïcité pour adopter progressivement la pensée rance et consanguine du FN, à poursuivre celui-ci dans la surenchère sécuritaire et xénophobe, renoncement de la gauche à soutenir les ouvriers et les classes populaires pour aller s'embourgeoiser dans le libéralisme et ne s'intéresser qu'aux classes moyennes et aux notables comme l'ont préconisé des think-tanks comme Terra Nova et des pseudo-intellos libéraux comme Attali ou BHL. Voici la caste, cette nouvelle aristocratie des barons de "l'UMPS" (comme dirait l'autre) qui sont économiquement à peu près d'accord et qui n'effraieront jamais les marchés, satisfaits d'être soutenus dans leur appétit toujours plus puissant à satisfaire leurs désirs exorbitants et à accroître leurs fortunes.

Pourquoi ce résultat aujourd'hui ?

➤ Par la mise en concurrence des travailleurs entre eux, dans le monde et par le bas : le travailleur en France doit coûter autant que le travailleur du Bangladesh, afin d'être compétitif, car il faut admettre cette idée de compétition, (d'où la loi El Khomri), cette guerre de tous contre tous qui ne profite qu'aux puissants, qu'à ceux qui augmentent leurs dividendes de manière totalement injurieuse depuis une quarantaine d'années. Aujourd'hui, seulement 6 personnes détiennent l'équivalent des richesses de la moitié de la population mondiale. En France, aujourd'hui, l'écart entre le SMIC et les salaires des grands patrons va de 1 à 240, quand il était de 1 à 12 dans les années 70. Depuis les années 30 ans, la part du PIB qui allait au travail était de 60% et de 40% pour le capital, aujourd'hui c'est l'inverse.
➤ Les délocalisations, la désindustrialisation qui découlent de cette compétition globalisée et qui mettent en place un système absurde où l'on achète des produits à l'autre bout de la planète alors qu'on peut les produire chez nous. Si j'étais un ouvrier de chez Whirlpool faiblement politisé qui risque de perdre son emploi, je voterais certainement Front National.
➤ Le maintien délibéré du chômage dans notre pays qui constitue une armée de réserve et permet aux employeurs de baisser les salaires en mettant en concurrence les travailleurs avec les chômeurs. Si tu travailles, tu es prêt à accepter la dégradation de tes conditions pour garder à tout prix ton emploi.
➤ Les politiques libérales d'austérité, qui cassent les services publics pour soi-disant assainir les caisses de l'État, politiques qui montrent leurs limites puisque le manque d'investissement de l'État diminue les emplois, baisse la consommation de biens et de services, réduit considérablement la création d'activité (le FMI lui-même en fait désormais le constat), accroît la misère et les inégalités. Le meilleur exemple en est le CICE, énorme crédit d'impôt, cadeau délivré aux entreprises qui avaient promis en contrepartie la création d'un million d'emplois comme indiqué sur le pin's de Gattaz ! En mars 2017, le chômage reprenait sa hausse, aucune trace de ces emplois !
➤ Monter le peuple contre lui-même, parler de fraude sociale, d'assistanat, de charges sociales ou salariales... L'oligarque montre les pauvres du doigt, et le peuple regarde ce qui se trouve au bout du doigt plutôt que la Rolex qu'il y a derrière ! "Prenez-vous en aux étrangers, aux réfugiés, aux pauvres, aux chômeurs, aux travailleurs uberisés qui profitent du système pendant que vous trimez en payant des charges bien trop élevées". Pendant ce temps, les actionnaires, les financiers, les multinationales continuent de se retirer dans leur bulle dorée et de creuser un écart devenu totalement indécent et surtout inique. On divise pour mieux régner !

Quelle réponse ? L'Union Sacrée ?

Union Sacrée comme en 1914, où on envoie les petites gens se faire la guerre entre eux pour engraisser les spéculateurs de guerre et les marchands d'armes.
L'union sacrée, où on nous demande de voter avec la bourgeoisie. Ces égoïstes bien intégrés dans l'emploi et dans la mondialisation, qui ont peur de perdre leur petits privilèges et qui viennent nous culpabiliser et nous rendre carrément responsables si la riche héritière d'extrême droite venait à l'emporter au second tour.
Mais qu'ont-ils fait ces gens là ? Qu'ont-ils fait ces bien-pensants pendant toutes ces années ? Des années passées à privilégier la lutte des places plutôt que la lutte des classes, à défendre leur pré-carré et leurs intérêts, à favoriser l'abandon des politiques sociales. Pendant que nous luttions, front contre Front, face à l'extrême droite en recherchant toujours le salut public, l'intérêt commun, le projet de société plutôt que l'intérêt particulier. Nous faisions cela depuis des années, dans les syndicats, dans les luttes sociales, à travers les revendications que nous défendions, dans les mesures des partis que nous soutenions pour lutter contre la paupérisation et le déclassement de la France dite périphérique.
Nous ne sommes pas responsables de cela, et bien souvent, ceux qui nous le reprochent le sont bien plus que nous ! Et leur injonction, une fois de plus quel mépris ! On nous impose ce qu'il faut voter.

Mais ne comprenez-donc vous pas que plus vous imposez quelques chose à quelqu'un et plus il souhaitera faire le contraire ?! Ne comprenez-vous pas que c'est comme cela que le Front National progresse, en répétant en boucle qu'il ne faut pas voter pour lui à longueur d'éditos et de discours de politiciens professionnels issus de la caste ou de citoyens bien intégrés ? Ne comprenez-vous pas que plus vous semblez sur la défensive contre la montée du FN et plus vous donnez corps à une conscience de classe qui se forge une identité d'affrontement contre l'élite qui bénéficie des bienfaits de la mondialisation ? Faites-nous encore nous sentir gueux, petits, irresponsables, indignes du vote, et la fierté de vouloir se sentir force collective de petites gens continuera de grandir dans l'opinion des électeurs en nombre croissant du Front National. Ils voudraient nous faire pleurer sur le danger du FN à grand coup de pathos vulgaire et honteux quand ils soutiennent des candidats qui appellent à la lutte de tous contre tous. Qui sème la misère récolte la colère !
 
Alors oui, le FN est un réel danger et oui, il a de sérieux risques de l'emporter. Mais chacun saura quoi faire en son âme et conscience dans l'isoloir et s'il décide de s'y rendre. Il n'y a aucune injonction à faire, surtout qu'elle sera contre-productive par rapport aux objectifs de ceux qui les font.
Pour ma part, je n'irai pas manger la soupe putride et nauséabonde de ce type-là, je ne voterai jamais avec la bourgeoisie qui n'a toujours été bonne qu'à défendre ses seuls intérêts. Voter pour Macron est pour moi un renoncement, un pas en arrière, une attitude défensive qui laisse le FN progresser d'avantage.
 

La meilleure défense, c'est l'attaque !

Le vote tactique c'est la renonciation, le summum de la délégation de pouvoir et de l'abandon de son statut de citoyen. Le paroxysme du vide. On ne vote plus pour un projet de société, un programme conséquent, une politique ambitieuse capable de surmonter les défis de notre temps et d'affronter nos adversaires mais contre un autre candidat ou pour éviter le moins pire. Mais repousser l'échéance produit du pire. Le vote FN est la résultante de ces calculs politiciens, de ces tambouilles électorales, mais surtout des politiques d'austérité, de l'abandon des principes républicains de l'égalité des chances et de l'égalité des territoires, de la dissolution du peuple dans la mondialisation libérale. Nous ne voulons pas, pour beaucoup, participer à ce non-choix du deuxième tour car nous savons que l'extrême droite et l'ultralibéralisme ne sont que les deux facettes d'une même pièce. La première sert le deuxième pour qu'il se fasse élire, le second paupérise par ses politiques injustes en faveur des puissants et produit du vote extrême droite. L'un et l'autre seront défendus par le patronat et favoriseront l'économie de marché et la concentration de richesses, aucun ne souhaite une sortie du libéralisme. Il y aura un capitalisme national ou un capitalisme mondialisé. L'un mettra en compétition les travailleurs français entre eux et contre le reste du monde mais dans le but de pouvoir exporter à moindre coût ; l'autre mettra en compétition les travailleurs du monde entier.
 
Nous insoumis, nous partageux, libertaires, ingouvernables, communistes, écologistes réels, socialistes authentiques, nous avons pris la mesure des défis qui s'imposent à notre époque !
Nous savons qu'il y a urgence : urgence climatique, urgence sociale, urgence démocratique.
Nous avons bâti, dans les luttes sociales lors du printemps 2016, lors des élections de cette année, dans nos pratiques quotidiennes, dans nos associations, une volonté immuable de changer les choses à différentes échelles et dans tous les fronts qui s'offrent à nous et sur lesquels nous pouvons avancer. Nous sommes une force de plus en plus nombreuse et puissante qui souhaite aller vers l'émancipation individuelle et collective. Pour cela, comme toujours, nous avons la rue, les collectifs, les syndicats et les élections législatives. Alors retroussons-nous les manches et cultivons nos idées par nos actions !
 
Ni patrie, ni patron, vivent l'universalisme et l'autogestion !
 
Half Red

Délit d'entrave à l'IVG : un pas en avant, trois bonds en arrière !

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A peine les obsèques nationales de Simone Veil achevées, les groupes anti-avortement reprenaient leurs saloperies afin de faire prospérer leurs idées fumeuses, mensongères et rétrogrades. « Simone » partie, le combat continue plus que jamais !

L'entrave à l'IVG est un délit sur internet aussi !

En début d’année, on se disait qu’il y a des combats justes et des victoires qui font du bien. La promulgation de la loi relative à l’extension du délit d’entrave numérique à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en mars dernier en est une ! On ne vous apprend rien, le Net est devenu LA nouvelle place publique et ce qu’on y voit peut être génial et motivant, comme ça peut être le pire de l'espèce humaine. Et on en sait quelque chose à Racailles, vu qu’on essaye de combattre la connerie tous les jours (voir ICI).
Cette victoire du délit d’entrave numérique à l’IVG a été arrachée après 5h30 de discussions, 76 amendements, dont 53 de Jacques Bompard à lui tout seul. Ah, Jacques Bompard... La Ligue du Sud, facho parmi les fachos, blanc, catho, père de 5 enfants, dont 2 qui sont ses assistants parlementaires, tiens tiens… Bompard qui fait de la politique depuis 30 ans, un des membres fondateurs du FHaine, qu’il a quitté pour rejoindre le mouvement pour la France. Bref, un vieux schnock de 74 ans, qui ferait mieux de s’occuper de sa prostate que de nos utérus !! Les réactionnaires ne sont pas uniquement des hommes, à lire par exemple l’éditorial crasseux signé à l’époque par Jeanne Emmanuelle Hutin dans le journal Ouest France - dont elle est l’héritière - qui crie à l'atteinte à la liberté d'expression : « la Déclaration des droits de l'homme risque de subir un sérieux coup de boutoir et, avec lui, nos libertés fondamentales». Tellement secondaire cette liberté des femmes à disposer de leur corps...

Alors pourquoi je vous parle de tout ça aujourd’hui ? Et bien, je vais un peu vous parler de ma vie : j’ai une amie qui est enceinte et cette amie a décidé d’avorter. Pour qui, pourquoi, peu importe. Pour l’aider, je suis à la recherche d’une info claire et objective pour savoir quoi faire. Et là, enfer et damnation !! Passé la 1ère référence de Google - le site du gouvernement ivg.social-sante.gouv.fr - le reste des résultats proposés n’est qu’un ramassis de sites pro-vie !! Et encore, le site du gouvernement est remonté en tête de liste depuis peu de temps grâce à une forte mobilisation, notamment des assos féministes !!

Alors, attachez vos ceintures et cliquons pour prendre connaissance de l’ignominie !! Sous couvert d’information et de numéros verts anonymes et gratuits, où on nous vend une écoute neutre et bienveillante pour que les femmes puissent faire le choix de poursuivre ou non leur grossesse, les sites sont à gerber !! J’en veux pour preuve la charte des écoutantes du "faux" site ivg.net dont voici un extrait :
« La femme exerce son choix librement mais peut être davantage "sensibilisée" par l'écoutante qui prend le temps de développer tous les aspects et les risques de l'IVG»
Mais le pire reste les nombreux témoignages de femmes expliquant qu’elles n’auraient jamais dû avorter, qu’elles regrettent, qu’elles y pensent tous les jours, qu’elles ont été manipulées par le centre d'orthogénie, par les psychologues, par les membres du Planning Familial, par leur famille, par la Terre entière en fait ! Que leur avortement s’est mal passé, avec nombres de détails bien sordides, que leur conjoint les a quitté, que leur famille leur a tourné le dos, qu’elles ont perdu leur boulot, que la foudre s’est abattue sur elles. Alléluia mes sœurs !!
Je pourrais vous parler de Cécile, qui a fait une grave dépression, qui a été internée et qui est devenue accro au cannabis.

Je pourrais vous parler aussi de Lola qui s’est faite avorter sur décision de ses parents et qui garde l’échographie en souvenir dans son portefeuille ou encore de Julia. Sortez les mouchoirs...


[captures d'écrans du site avortement.net créé par les anti-IVG]

Rien de trafiqué ou de mensonger là-dedans bien sûr : ces témoignages poignants respirent la sincérité ! Au regard de tout ça, on comprend qu’il était vraiment temps d’agir contre ces sites qui, sous couvert d’information, mettent en place une véritable propagande culpabilisante, annihilant totalement le droit de la femme à disposer de son corps. Les sites web combattant l’IVG sont maintenant prévenus : s’ils mentent délibérément sur l’avortement dans le but de dissuader les femmes d’y recourir, ils s’exposent à des poursuites pénales pouvant aller jusqu’à 2 ans de prison ferme et 30 000 euros d’amende. Le gouvernement prévoyait notamment de mettre en place des appels tests pour combattre ces sites et ces plateformes téléphoniques.

La connerie Survivante

Mais il y a d’autres combats à mener !! Rappelez-vous du témoignage de Julia qui disait qu’après son avortement, elle ressentait un vide et que son enfant lui manquait. Alors rassure-toi Julia, j’ai trouvé LA solution : rejoins les Survivants !! Mais qu’est-ce donc ? Il ne s’agit ni d’une quelconque nouvelle émission de télé réalité, ni d’une nouvelle série créée par Canal+. Non, vous n’y êtes pas du tout !! C'est un groupe de jeunes prônant l’anti IVG en s’appuyant sur une théorie pseudo scientifique. Ce groupuscule de militants proches des cathos intégristes et de la Manif Pour Tous est parti d’une véritable pathologie traumatique bien identifiée par les spécialistes : le syndrome du survivant, c’est-à-dire la culpabilité d’une personne ayant échappé à la mort alors que d’autres personnes sont mortes (lors d’accidents ou d’attentats par exemple). Cette pathologie, les Survivants l’ont bien trafiquée : ils avancent qu’une personne dont la mère a avorté ressentirait une souffrance psychique et le manque du frère ou de la sœur qui aurait dû naître. Voilà le cœur de leur argumentaire. Ils ont donc créé le syndrome du « survivant statistique», dont nous serions tous victimes. Selon leurs statistiques bidouillées, un enfant sur cinq ne naîtrait pas à cause de l’IVG en France et nous souffrons tous de cette cruelle absence. Leur solution est donc simple : arrêter d’avorter !

A la tête de ce groupuscule, on retrouve Emile Duport, publicitaire proche de l’Action Française et ancien directeur artistique de la Manif pour Tous. Il sait très bien y faire pour dépoussiérer l’image des militants pro-vie, notamment à travers des happenings. On connaissait Civitas, SOS Tout-Petits et autres groupes reconnaissables à leurs slogans datés de l’Inquisition, soutanes, crucifix et tutti quanti. Mais aujourd’hui, place à une ère nouvelle, place aux Survivants. Quoi que pas si nouveau que ça ce mouvement : c’est en fait la réactualisation d’un collectif datant de la fin des années 90 et un peu tombé dans l’oubli. Mais grâce à la révolution 2.0, en mars 2016, les Survivants reviennent et se lancent sur les réseaux sociaux. Gros succès chez les jeunes en quête de sensations !!
Ces derniers mois, les Survivants ont fait parler d’eux grâce à plusieurs gros coups médiatiques. Durant la campagne présidentielle, ils ont placardé en toute illégalité des affiches arborant trombines et logos des principaux candidats et les appelant à se positionner contre l’IVG. Plus récemment ils ont tenté une campagne de levée de fonds sur le site HelloAsso.fr afin de financer une campagne anti-IVG sous forme de tour de France ponctué « d’apparitions surprise», de Saint-Malo à Bayonne. Face à la levée de boucliers des internautes et des assos féministes, le site a fini par suspendre la cagnotte tout en renvoyant la responsabilité sur l’État qui avait accordé à l’association porteuse de la campagne des Survivants, Life Parade, le statut d’association d’intérêt général (permettant notamment une défiscalisation des dons).

Comble de l’abjecte et de l’ignominie, une semaine plus tard, c’est la récupération de la disparition de Simone Veil qui permet aux Survivants une nouvelle campagne de mensonges et de saloperies. Ils ont osé… Ils ont lancé un site « hommage» à Simone Veil basé sur son nom (simoneveil.com) présenté comme un « web documentaire» où ils prétendent faire découvrir « la vérité sur Simone Veil, celle d’une femme trahie dans ses intentions puisque sa loi n’existe plus tant elle a été été modifiée et parce que la légalisation de l’avortement n’a pas amélioré la santé des femmes bien au contraire». Peut-être auraient-ils besoin de réentendre les propos de Simone Veil à la tribune de l’Assemblée le 26 novembre 1974


Toujours face aux protestations et à une plainte de la famille Veil, l’hébergeur OVH a suspendu ce site prévu par les Survivants depuis un an et demi. Il a malheureusement été immédiatement republié sous un autre nom de domaine, « Simone Forever », copiant ainsi une ancienne campagne du Mouvement Français du Planning Familial. Une vraie stratégie de communication, surfant en permanence sur les frontières de la légalité et du droit (choix de noms de domaine en .com au lieu de .fr ; propagande sous couvert d’info ; utilisation d’un nom s’apparentant à une usurpation d’identité ; etc).
Le fait de miser sur les référencements algorithmiques pour arriver en tête des propositions lors d’une recherche sur Simone Veil est exactement le même procédé que ceux utilisés avant la promulgation de la loi sur le délit d’entrave numérique. Cette loi a-t-elle donc servi à quelques chose ? La rage, la rancœur et la colère me feraient dire que non et que tout reste à faire. Et qui, du côté des pouvoirs publics, va pouvoir monter au créneau et entendre nos combats alors même que les droits des femmes sont relégués à un sous-placard-de-sous-sol à travers le Secrétariat d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes de Marlène Schiappa, placée sous l’autorité d’un Premier Ministre qui n’a pas soutenu l’égalité réelle ? Et puis...

Face à tout ça, militez, informez-vous et gardez en tête ce que disait une autre Simone, Simone de Beauvoir, dès 1949 :

« N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »

Merci Simone et merci Simone ! Car en 2017, c’est toujours d’actualité… Jusqu'à ce qu'un jour, le droit à l'IVG soit constitutionnalisé !!

Olouges de Gympe

Pour aller plus loin :
« La nouvelle idéologie anti-IVG» sur Causette
« Le collectif anti-IVG des Survivants utilise Simone Veil pour sa communication numérique » sur Numérama

Hommage spontané à Simone Veil par Piotre WM dans le cadre de l'exposition "L'humanité au féminin"à Caen
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